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- Lutte ouvrière n°2039
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Dans le monde
Antilles : Des centaines de sans-abri, du chômage accru et... une poignée de profiteurs !
Le cyclone Dean a fait des dégâts considérables en Martinique et moins importants en Guadeloupe. Dans cette dernière île, il y a eu peu de dégâts dans les maisons individuelles et aucune victime ; par contre, l'agriculture et la pêche ont souffert. Toutes les bananeraies sont détruites. Beaucoup de cultures maraîchères aussi. Quant aux pêcheurs, ils ont subi de nombreuses pertes de nasses, et d'autres dégâts matériels, dont des embarcations endommagées. Le secteur du tourisme a été relativement touché, avec la forte houle qui a endommagé les plages et fait quelques dégâts matériels, ainsi que certaines communes. Environ 30 000 foyers ont été privés d'électricité, mais le réseau a pu être assez vite rétabli.
La Martinique, elle, a connu une plus grande détresse humaine. Les cyclones sont un révélateur de la misère masquée. On compte 5 040 maisons endommagées et 542 maisons complètement détruites, deux morts. Dans la seule commune du Vauclin, 57 maisons ont été détruites. Plus de 300 familles sont actuellement hébergées dans des écoles et des gymnases. Les réseaux électriques et d'adduction d'eau ont été totalement endommagés, ainsi que les réseaux téléphoniques (GSM et fixes). Les choses se rétablissent peu à peu. Mais il faudra bien compter un bon mois pour que l'ensemble de ces réseaux vitaux soient rétablis.
La population n'a pas attendu l'arrivée des secours publics pour relever dignement la tête. On a vu de nombreuses personnes faire preuve d'une solidarité immédiate : des jeunes se mettre à dégager des routes, des propriétaires de tronçonneuses, de camions, se mettre bénévolement au service de la collectivité. À Fonds-Saint-Denis, Rivière-Pilote, Macouba et ailleurs. Les jeunes en particulier ont suscité par leurs actions de solidarité de nombreux témoignages de sympathie.
Dans les deux îles, des aides d'urgence à la population ont été votées par les Assemblées locales et décidées par l'État. Mais quand parviendront-elles aux pauvres ?
Le secrétaire d'État à l'Outre-mer, Estrosi, est venu en Martinique et en Guadeloupe une première fois, puis une deuxième fois accompagnant le Premier ministre Fillon, avec un certain nombre de supposés " experts ". Fillon a déclaré qu'il reviendrait avant la fin de l'année pour constater l'état de la reconstruction. L'évaluation précise des dégâts n'est pas encore achevée, mais on annonce déjà un chiffre approximatif pour la Martinique de 200 millions d'euros environ et de 250 à 300 millions pour les deux îles. Il est déjà clair que le gros de ces subventions ira aux patrons de la banane, et principalement aux gros planteurs, et la portion congrue, comme toujours, aux moyens et petits planteurs. Comme le dit un communiqué de nos camarades de la CGTG-Banane, " les dégâts causés par Dean sont une aubaine pour certains gros planteurs. En effet, leur gain (subventions en tout genre et indemnisation par les assurances) sera plus important que s'ils avaient exporté leur production. Par contre, pour les petits planteurs, voire certains moyens planteurs, ce ne sera certainement pas le cas. En ce qui concerne les ouvriers agricoles, ce sera la misère assurée ".
Les patrons de la banane préparent déjà les travailleurs à la perspective du chômage technique et même aux licenciements. L'un des gros planteurs de Guadeloupe, Francis Lignières, n'a-t-il pas annoncé sa décision de mettre un terme à l'activité bananière ? Voilà quelques années du reste que des patrons de la banane ferment des plantations.
Sous une forme ou sous une autre, ces patrons perçoivent régulièrement toutes sortes de subventions, pendant qu'ils licencient les travailleurs. C'est surtout pour ces gens-là que les Estrosi et Fillon se déplacent. Quand ils parlent de " solidarité nationale ", il faut comprendre surtout " solidarité de classe " avec les riches, même si, par peur du mécontentement social, ils octroient quelques miettes aux travailleurs et aux pauvres. Ceux de la CGTG-Banane ont déjà donné le ton en faisant savoir leur volonté de se battre !
Correspondant local
" Corsair " et la flibuste
Corsair a proposé des billets à moitié prix à des familles martiniquaises émigrées en France, afin qu'elles puissent venir réconforter les leurs aux Antilles. Geste humanitaire et généreux ou opération publicitaire ? Sans compter que, pour les compagnies, le remplissage des vols vaut mieux que des places vides. Même à tarif fort réduit, elles ne sont pas perdantes.
Que leur faut il encore savoir ?
" L'état de catastrophe naturelle ", qui conditionne la couverture de certains dommages, tarde à être déclaré. Il le sera le 20 septembre en commission interministérielle ! Cette commission se base pour cela sur " l'intensité anormale du phénomène en fonction de données recueillies sur le terrain ". Attendre encore ! Les centaines de sans-abri, les milliers de maisons endommagées en Martinique et les dégâts aussi en Guadeloupe ne leur suffisent pas.
Courage, Fillon !
Et pourtant Fillon est, selon ses dires, venu aux Antilles pour aller vite et faire en sorte que tout aille vite. Mais il leur faut un mois et demi pour déclarer l'état de catastrophe naturelle... ou pas ! Pourquoi est-il venu, alors ?
Chat échaudé...
On se souvient qu'après le cyclone Hugo, une série d'aigrefins, chenapans véreux, ont cherché à s'enrichir dans le cadre de la reconstruction, avec des montages douteux et des livraisons incomplètes. Certains ont été traduits en justice. D'autres ont pris la fuite. Certains politiciens ont été complices de ces malversations ! Alors, attention en Martinique !
Vigilance et maximum de contrôle de la population ne seront pas de trop.