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- Lutte ouvrière n°2036
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Dans les entreprises
Arvato Services - Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais) : Exploitation maximum, salaire minimum
Chez Arvato, à Noyelles-sous-Lens, 1 200 ouvriers travaillent à la chaîne, en 3x8 et les week-ends, pour mettre sous pli des catalogues et des revues.
Arvato est une filiale du géant de la communication Berthelsmann dont le chiffre d'affaires est de vingt milliards d'euros et le bénéfice de presque un milliard. Le groupe possède notamment les chaînes de radio et de télévision RTL, une part importante de M6, la maison de disques BMG, la revue National Geographic et la totalité du groupe de presse Prisma qui édite Ça m'intéresse, VSD, Gala ou Voici.
Dans l'usine de Noyelles, les ouvriers réceptionnent les magazines et sont chargés de les mettre sous film plastique avant leur envoi par La Poste. Une organisation, dit la plaquette de communication de l'entreprise, " dédiée au bonheur de nos clients ", mais certainement pas à celui des ouvriers.
Le travail est réalisé sur des tapis roulants d'une vingtaine de mètres où se succèdent revues, magazines, catalogues. Chaque envoi est mis sous pli plastique, thermosoudé, collé, étiqueté. Les postes sont de plus en plus chargés. Là où il y avait auparavant deux ouvriers, il n'y en a souvent plus qu'un seul qui doit courir en permanence d'un bout à l'autre du tapis.
Lorsque les périodes de " boom " approchent, l'usine est envahie par les palettes. Les chefs passent leur temps à hurler et à presser les opérateurs et les caristes, au mépris de la sécurité. Les accidents ne sont d'ailleurs pas rares. Un ouvrier a eu une main happée dans les rouleaux de sa margeuse.
L'usine tourne en 3x8. Il faut arriver dix minutes ou un quart d'heure avant la prise de poste (sans être payé), pour faire la mise en place. Le week-end aussi, il faut venir travailler. Un ouvrier de l'équipe de nuit doit venir seize dimanches dans l'année ; les travailleurs de jour, cinq samedis après-midi et douze samedis matin. C'est seulement le jeudi précédent que la direction prévient si le dimanche est travaillé. Quand cela arrange le patron, ce travail du week-end est non payé mais récupérable en RTT
Il n'y a pas que les conditions de travail qui sont lamentables, les payes le sont tout autant. Un ouvrier travaillant de nuit et effectuant seize dimanches, gagne à peine 1 300 euros, toutes primes comprises. Cela n'a pas empêché un directeur de déclarer à des visiteurs : " Que voulez-vous, en France, les gens ne veulent plus travailler ! "
Depuis quelques mois, une nouvelle équipe de jeunes cadres est arrivée. Ils ont mis en place un système de primes individuelles au rendement. Chaque ouvrier se voit fixer un objectif de production horaire. Toutes les heures, le chef passe derrière l'ouvrier pour noter : en bleu si le quota est atteint, sinon en rouge. Un autre système vient d'être mis en place pour " lutter contre l'absentéisme ". À partir du deuxième arrêt-maladie dans la même année, le patron commencera à retirer une partie du 13e mois et la totalité au-delà de sept arrêts.
Bien des ouvriers sont en train de se dire qu'à force de tirer sur la corde, la direction va finir par la rompre.