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- Lutte ouvrière n°2033
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Dans les entreprises
Airbus - Toulouse : Les présidents changent, le plan Power 8 demeure.
Il y aura désormais un seul président du conseil d'administration de EADS, au lieu de deux aujourd'hui : Rüdiger Grube, représentant DaimlerChrysler. Dans quatre ans, c'est Arnaud Lagardère qui devrait le remplacer. Il y aura aussi un seul président exécutif de EADS, au lieu de deux : Louis Gallois. Enfin, Thomas Enders sera nommé patron d'Airbus. Avec quelques autres décisions concernant les membres du conseil d'administration de EADS, voilà ce que lundi 16 juillet Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé depuis le podium installé devant le poste 40 de la chaîne d'assemblage de l'A380 à Toulouse.
Ainsi la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel s'est conclue sur une redistribution des postes à la tête de EADS et de sa filiale Airbus. Auparavant, pour faire " peuple ", ils ont mangé à la cantine, " comme n'importe quel salarié ". Geste démagogique qu'avait déjà commis Sarkozy après son élection à la présidence, il est vrai lors d'un pont - sait-on jamais. Cette fois-ci, ils étaient accompagnés d'ouvriers allemands et français que, la semaine précédente, la hiérarchie avait proposés, en allant jusqu'à dire à certains : " Bon, tu laisses tes convictions au vestiaire et tu y vas ! "
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la venue des deux chefs d'État n'a pas suscité l'enthousiasme de la majorité des travailleurs d'Airbus. En effet ces nouvelles dispositions vont peut-être atténuer les rivalités franco-allemandes. Mais derrière les susceptibilités nationales des uns et des autres, il y a un savant équilibre entre des intérêts économiques bien sonnants et trébuchants : en particulier les centaines d'entreprises sous-traitantes, en France et en Allemagne, qui font leur beurre avec le marché que représentent les productions d'Airbus. Les représentants politiques des deux côtés du Rhin n'ont pas changé les règles de ce jeu de Monopoly européen. Ils ont seulement maintenu un certain équilibre pour rassurer leur petit monde capitaliste, après les turbulences causées par le retard de l'A380 et l'avance qu'aurait prise le concurrent Boeing à cette occasion.
Pour les travailleurs, rien ne change. Power 8, le plan d'économies drastiques qui prévoit la suppression de 10 000 emplois (5 000 à Airbus et 5 000 dans la sous-traitance) et la vente de plusieurs sites en France et en Allemagne, entre dans sa phase d'application, en pleins congés. Et actionnaires français, allemands ou représentants de l'État français ou de l'État allemand sont tous d'accord pour nous l'imposer.
La semaine précédente, 6 000 travailleurs allemands ont manifesté contre la vente des sites de Laupheim, Nordenham et Varel. C'est bien la seule réponse que méritent tous ces gens !