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- Lutte ouvrière n°2031
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Leur société
Électricité : Ceux qui tirent les marrons de la prise.
Les sept entreprises différentes qui proposent, en plus d'EDF, de vendre du courant électrique, le font bien entendu pour gagner de l'argent vite et sans risque. D'ailleurs " c'est étudié pour ".
Il y a d'abord Électrabel, filiale du groupe Suez qui a fait 44 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006 et a augmenté de 50 % en deux ans le dividende versé aux actionnaires. Suez a une longue expérience en matière de bonnes affaires faites sur le dos du service public. Il est l'héritier de la Lyonnaise des Eaux, une des sociétés qui ont fait fortune en profitant de la privatisation de la distribution d'eau. Tout comme l'État offre aujourd'hui les infrastructures électriques, les municipalités offraient les tuyaux, les clients, les locaux et les stations d'épuration... Il ne restait plus au concessionnaire qu'à ramasser les bénéfices, à augmenter les prix et à laisser pourrir les installations faute d'investissements.
Suez ne compte d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin et doit fusionner prochainement avec Gaz de France qui serait ainsi privatisé de fait.
Il y a ensuite Direct Énergie, filiale du groupe Louis Dreyfus, un des principaux courtiers internationaux en blé, sucre, café, gros armateur (40 navires), propriétaire de dizaines de milliers d'hectares de plantations et de quelques autres entreprises. Un de ses dirigeants-propriétaires possède aussi l'Olympique de Marseille. Direct Energie prétend vendre l'électricité moins cher parce qu'elle n'a pas de siège social luxueux, ni d'infrastructures coûteuses. Elle a seulement quelques gros actionnaires à satisfaire... ce qui est autrement plus onéreux pour la collectivité.
Il y a enfin Poweo, dont 25 % du capital est détenu par Verbund, la compagnie nationale autrichienne d'électricité, et 12 % par la famille de son dirigeant et fondateur, Beigbeder. Poweo se targue de faire construire une centrale électrique révolutionnaire à Pont-sur-Sambre (Nord). Elle ne verra le jour qu'en 2009, mais elle a déjà coûté aux collectivité territoriales des millions d'euros d'aménagements à titre gracieux. L'État offre la poule aux oeufs d'or, la communauté de communes du Val-de-Sambre paye les mouillettes.
Enfin trois des autres courtiers sont des sociétés d'économie mixte, à base locale, dont l'une est filiale de l'autre. À y regarder de plus près on retrouve Suez ou sa filiale Électrabel parmi les gros actionnaires et principaux partenaires de ces sociétés. Vu les poids respectifs des différents groupes, c'est évidemment Suez qui dictera leur conduite.
Reste le dernier courtier, un marchand " d'électricité écologique ", qui semble n'être là que pour le décor.
Le marché de l'électricité est donc en fait offert, en plus d'EDF, à trois groupes capitalistes dont deux de taille mondiale et un petit malin.