- Accueil
- Lutte ouvrière n°2031
- Alimentation : Hausse des prix en vue ?
Leur société
Alimentation : Hausse des prix en vue ?
Les cours d'une série de matières premières alimentaires ont fortement augmenté ces temps derniers : la poudre de lait de 75 % et le blé de plus de 60 % en un an, le maïs de 35 % en neuf mois, le cacao de 25 % en six mois. Ce sont des produits de base essentiels de l'industrie alimentaire et cela annonce des hausses importantes de prix pour les mois qui viennent. Les grands groupes de la distribution font état d'augmentations de plus de 6 ou 7 % que leur imposeraient les fournisseurs, biscuitiers et fromagers en particulier. C'est une manière pour eux de prévenir qu'il risque d'y avoir des hausses imminentes des prix de détail.
La hausse des prix agricoles serait due à l'accroissement de la demande des consommateurs, conjuguée avec une réduction de l'offre du côté des producteurs. Que l'humanité se nourrisse mieux, que la faim et la sous-nutrition reculent, on ne peut que s'en réjouir. Et cela correspond à des capacités mondiales de production agricole qui continuent globalement d'augmenter, malgré les sécheresses locales qui ont frappé l'Ukraine ou l'Australie. Mais une part croissante de cette production est détournée de la consommation alimentaire : c'est la cas pour la canne à sucre ou le maïs, qui servent à fabriquer les biocarburants. Au Mexique par exemple, la raréfaction du maïs et la hausse de son prix ont déjà provoqué une " crise de la tortilla ", la galette, nourriture de base de la population pauvre.
Au jeu du marché s'ajoutent les subventions nationales ou internationales, en fonction desquelles telle ou telle production donne plus ou moins de profit aux investisseurs. Si par exemple l'Union européenne décide de baisser ses subventions au lait ou à la viande, le cheptel bovin peut en quelques années diminuer de façon considérable. Et si elle subventionne la mise en jachère de pâturages, l'effet sera le même. Les à-coups de la production sont aussi renforcés par le stockage à but spéculatif, comme en ont connu dans le passé le sucre et le café.
Ce n'est donc pas la seule nature qui raréfie les produits agricoles et fait augmenter les prix : c'est aussi et surtout le jeu du marché, les calculs de rentabilité et de profit, qui relèvent de l'action des capitalistes, producteurs, industriels et distributeurs.
Les prix alimentaires pourraient donc flamber à nouveau, comme lors de l'instauration de l'euro, après trois années de prétendue baisse. Les grands de la distribution, les Carrefour, Auchan, Leclerc, Intermarché, se disent mobilisés, confiants dans le jeu de la concurrence pour éviter les hausses. Mais, en pleurant sur leurs marges que cela va encore écorner, ils préparent l'opinion à la hausse des prix.
Il serait pourtant possible de contrôler les prix des produits alimentaires, en orientant la production agricole, en contrôlant les marges, les profits aussi bien des industriels du secteur agro-alimentaire que du secteur de la distribution. D'ailleurs, à voir les fortunes et les profits qu'affichent le groupe américain Wal-Mart ou en France les Pinault (Printemps La Redoute), Arnault (Le Bon Marché), Riboud (Danone), Leclerc et autres grands de la distribution, ce n'est pas demain la veille qu'ils seront sur la paille.