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Leur société
Imposer l'augmentation des salaires pour augmenter le pouvoir d'achat!
L'Insee déclare, dans une étude publiée jeudi 21 juin, que " le pouvoir d'achat a progressé en France plus vivement en 2006 qu'en 2005 (+2,3 % après +1,7 %) ". Mais, ajoute le rapporteur, " malgré ce constat, la perception du grand public sur cette question est beaucoup plus dégradée ".
Or ce n'est pas tant la " perception ", mais bien le pouvoir d'achat de la majorité de la population qui se dégrade d'année en année. Les pourcentages et les moyennes ne veulent pas dire grand-chose quand il s'agit de revenus, car 1 % de 1 000 euros et 1 % de 100 000 euros ne pèse pas de la même façon. À un bout de l'échelle sociale une minorité bénéficie de revenus colossaux, mais il n'en va pas de même pour l'ensemble des travailleurs, qu'ils soient salariés, chômeurs ou retraités. Il n'y a pas besoin d'être un grand économiste pour se rendre compte que les augmentations des prix des produits de consommation courante, à commencer par la nourriture et les produits d'entretien, les loyers, les carburants, etc., frappent plus durement les petits budgets, ceux qui ont déjà du mal à arriver à la fin du mois, et sont sans effet sur les autres.
De fait, certains chiffres publiés par l'Insee sont beaucoup plus parlants que les constats renouvelés sur la prétendue progression du pouvoir d'achat. Il s'agit de ceux qui se rapportent aux " dépenses contraintes ", ou incompressibles, telles que le loyer, les transports, l'énergie, les impôts, les assurances, ou les emprunts à rembourser : il y a quarante ans, elles représentaient 20 % du budget d'une famille ; elles se montent maintenant à 36 %. Autrement dit, une fois les dépenses fixes payées, les ménages à bas revenus ont de moins en moins d'argent à leur disposition et doivent se restreindre sur les autres dépenses : nourriture, santé, loisirs...
Sarkozy lui-même a déclaré de façon démagogique qu'il fallait " cesser de dire aux Français que leur pouvoir d'achat augmente "... mais cela ne l'empêche pas de limiter la hausse du smic à 2,1 %, sans le coup de pouce habituel, en même temps qu'il distribue des cadeaux aux plus riches, et il ne propose aux travailleurs que de travailler plus (si c'est possible) pour gagner soi-disant plus.
Il existe pourtant une autre possibilité : alors que les salaires sont pratiquement bloqués depuis des années, il faudrait une augmentation générale et immédiate de 300 euros par mois, qui ne serait d'ailleurs qu'un rattrapage du pouvoir d'achat perdu. Ce serait possible, à condition d'écorner un tout petit peu les super-profits des patrons. Mais une telle mesure, ce sera aux travailleurs de l'imposer par la lutte.