États-Unis : Un crime raciste condamné... quarante-trois ans après21/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2029.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Un crime raciste condamné... quarante-trois ans après

James Ford Seale vient d'être reconnu coupable du meurtre de deux jeunes Noirs, Henry Dee et Charles Moore, dans l'État du Mississippi, il y a quarante-trois ans, le 2 mai 1964. Ancien membre du Ku Klux Klan, l'organisation raciste particulièrement active dans les États du Sud dans les années soixante, il avait été arrêté puis relâché ; à 71 ans, il risque la prison à perpétuité.

En 1964, l'État fédéral américain venait d'adopter une loi sur les droits civiques. C'était le résultat des luttes des Noirs pour abolir la ségrégation qui régnait dans les États du Sud. Mais il n'était pas question pour les Blancs racistes d'être mis sur un pied d'égalité avec les Noirs. Si on en croit le frère d'une des victimes, Thomas Moore, qui a mis dix ans à faire revenir l'affaire en justice, son frère n'était pas particulièrement militant ni politisé ; mais Henry Dee aurait été suspecté par le Klan d'être un militant des droits civiques. De toute façon, aux yeux de Seale et de son complice Charles Edwards, ils avaient le tort d'être noirs.

Les deux hommes prirent un jour Henry Dee et Charles Moore en auto-stop, les rouèrent de coups et, avec l'aide d'autres militants du Klan, les jetèrent, encore vivants, lestés d'un moteur de voiture et de barres de fer, dans les eaux du Mississippi. Edwards reconnut qu'il avait, avec Seale, battu les jeunes parce que sa femme se serait plainte de leur présence et de leur regard, mais il nia les avoir tués. Seale aurait nargué un agent du FBI qui l'interrogeait, laissant entendre qu'il avait commis ce crime mais disant qu'il n'avouerait jamais devant une commission ou un tribunal. Arrêtés, les deux assassins furent remis en liberté sous caution. Les deux complices finirent par se faire oublier, pas tout de suite d'ailleurs pour Seale, dont des rapports de police indiquent qu'on le vit venir par la suite, avec une arme, à plusieurs meetings organisés par le Mouvement des droits civiques. Puis leurs familles déclarèrent qu'ils étaient morts. Il a fallu l'obstination du frère de Moore, servi par un concours de circonstances, et les aveux d'Edwards pour que le procès ait enfin lieu.

Depuis 1989, plus d'une vingtaine de procès de ce genre ont fini par traîner en justice d'anciens membres du Klan. Mais nombre de ceux-ci n'ont jamais été condamnés. Il aura fallu des dizaines d'années pour que la justice soit mise au pied du mur. Les préjugés et la haine racistes gangrenant tous les rouages de l'appareil d'État, à commencer par l'appareil policier et judiciaire, ont encore la vie dure.

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