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Dans les entreprises
Visteon - Oyonnax (Ain) : Des licenciements collectifs pour le profit
Mercredi 6 juin, les travailleurs de l'usine Visteon de Bellignat, dans l'agglomération d'Oyonnax, se sont mis en grève pour s'opposer à ce que la loi appelle cyniquement un " plan de sauvegarde des emplois ", mais qui consiste en réalité à supprimer 158 emplois sur un effectif de 289, à renvoyer une centaine d'intérimaires et à conditionner le maintien des 131 emplois restants à l'arrivée d'un repreneur d'ici la fin 2007.
Visteon est un groupe mondial d'équipements automobiles qui a racheté l'usine de Bellignat en 1999 à un autre trust du plastique, Plastic Omnium. Cette usine fabrique des panneaux de porte, des tableaux de bord ou encore des éléments de siège pour le groupe PSA ainsi que pour Renault, Ford et Toyota. Le groupe Visteon a vu son chiffre d'affaires augmenter toutes ces dernières années.
Ces licenciements chez Visteon s'ajoutent à ceux qui frappent les travailleurs de la " Plastic Vallée " d'Oyonnax depuis trois ou quatre ans, dans des entreprises qui invoquent les unes après les autres la conjoncture, la mondialisation, les délocalisations, la hausse des prix du pétrole, même quand ce sont des filiales de groupes florissants.
Mais les licenciements chez Visteon sont d'autant plus révoltants que les carnets de commandes sont pleins. La seule motivation de la direction pour supprimer plus de la moitié des emplois, et sans doute pour fermer toute l'usine, c'est sa volonté d'améliorer la rentabilité en regroupant les productions dans ses usines du Nord et du Territoire de Belfort.
Cette décision est visiblement mûrie depuis longtemps. Des sommes ont été provisionnées pour financer le plan social, et la direction du groupe a recruté un directeur spécialement pour mettre en oeuvre ces licenciements. Cet " expert " n'est autre que l'ancien directeur d'une usine Mécaplast, un autre équipementier automobile qui vient de supprimer 700 emplois, dont une centaine dans la " Plastic Vallée ".
Le plan prévoit aussi le déménagement de certaines machines de l'usine mais, petit détail non prévu par la direction, l'atelier destiné à les accueillir n'est pas assez haut !
Ce qui a décidé les travailleurs de Visteon à se mettre en grève et à organiser un filtrage des entrées est le cynisme de la direction, qui n'a proposé que des indemnités de licenciement dérisoires : moins de 2 000 euros par année d'ancienneté, avec un plafond à 26 000 euros. Elle propose en outre une prime supplémentaire de 4 000 euros, mais pas avant décembre, sauf si un repreneur se manifeste plus tôt. Les grévistes réclament quant à eux au moins 5 000 euros par année d'ancienneté.
Le 11 juin la grève a été suspendue, suite à l'obtention de rallonges sur les indemnités complémentaires de licenciement. Selon la CGT, elles ont quasiment doublé et s'échelonnent de 3 000 euros pour un an d'ancienneté à 50 000 euros pour dix-neuf ans et plus.
Visteon aurait bien sûr les moyens de maintenir l'emploi. C'est un grand groupe dont les actionnaires sont richissimes, comme le fonds d'investissement Pardus qui lorgne actuellement sur l'équipementier Valeo. Mais leur objectif est que nous soyons moins à travailler plus, pour que eux gagnent plus.