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Leur société
TVA : L'exemple de l'Allemagne
La " TVA sociale " est l'une des mesures mises en avant par Nicolas Sarkozy tout au long de sa campagne électorale. Dans son dernier livre, Ensemble, il explique " qu'il faut expérimenter le transfert d'une partie des cotisations sociales sur la TVA ". Il voit dans cette " TVA sociale " " un moyen pour lutter contre les délocalisations, pour créer de l'emploi, pour faire augmenter le pouvoir d'achat ". Et dans ses discours, Sarkozy a pris l'exemple de l'Allemagne, où cette mesure a été mise en oeuvre, pour prétendre que cela aurait permis au pays de retrouver le chemin de la croissance.
En Allemagne en effet, les consommateurs doivent dorénavant s'acquitter d'une TVA de 19 % sur la valeur des produits qu'ils achêtent, contre 16 % auparavant. Seuls les produits soumis à une TVA réduite, comme les denrées alimentaires, ne sont pas concernés par cette augmentation. Dans le même temps, le taux de cotisation à l'assurance-chômage est passé de 6,5 à 4,2 %, ce qui allège d'autant le coût du travail... pour les patrons.
Cette mesure n'a été introduite que le 1er janvier 2007, et évidemment personne n'a de recul suffisant pour en tirer une conséquence quelconque. De son côté, l'économie allemande n'a jamais été " malade ". Depuis 2003, l'Allemagne est ainsi devenue le premier exportateur mondial, devant les États-Unis, avec une population très inférieure (80 millions contre 300 millions). Et cela malgré les discours répétés, sur le niveau des salaires qui serait trop élevé, que les patrons tiennent là-bas aux travailleurs. Mais visiblement, ce niveau des salaires ne gêne pas les exportations.
Le chômage est en baisse outre-Rhin, si l'on se fie aux chiffres officiels. Mais, comme en France, les statistiques sont largement faussées, avec la multiplication des stages bidons, des radiations, etc. Quant à la situation des chômeurs, elle s'est profondément dégradée avec la baisse considérable des indemnités des chômeurs de longue durée, soit plus de 12 mois, et l'obligation d'accepter des emplois sous-payés alors qu'il n'y a pas de salaire minimum en Allemagne.
À côté de cela, le monde des privilégiés se porte très bien : en 2006 les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 25 %. Les entreprises de la métallurgie ont augmenté leurs profits de 30 %. Et comme tout cela ne suffit pas à satisfaire la soif de profits de la bourgeoisie, le gouvernement vient de présenter un projet de loi qui vise à abaisser à 29,8 %, à compter de 2008, l'actuel taux d'imposition des entreprises qui s'élève à près de 39 %.
Voilà le fameux " modèle allemand " vanté par le gouvernement : un des pays les plus riches d'Europe où la pauvreté se développe à un niveau jamais connu depuis les années d'après-guerre ; selon les critères européens, 13 % de la population allemande vivait sous le seuil de pauvreté en 2005... contre 9,2 % en 2000 !