Portugal : Grève générale contre une politique antiouvrière08/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2027.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Grève générale contre une politique antiouvrière

Mercredi 30 mai, l'ensemble des travailleurs portugais étaient appelés à faire grève pour protester contre la politique du gouvernement socialiste de José Socrates, au pouvoir depuis deux ans. L'appel émanait de la CGTP, la confédération syndicale la plus importante, proche du Parti Communiste, mais de nombreux syndicats à direction socialiste ou de droite s'y sont joints.

La grève semble avoir été bien suivie, surtout dans la Fonction publique. Le métro de Lisbonne a été totalement paralysé. Le trafic des bateaux qui font la navette entre Lisbonne et la rive sud du Tage a été perturbé. Les écoles et les hôpitaux ont été largement touchés, tout comme les services municipaux (ramassage des ordures, etc.). Mais la grève a aussi affecté le privé, par exemple l'usine de montage automobile AutoEuropa (du groupe Volkswagen) de Palmela, près de Setubal. Les manifestants de Lisbonne brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : " Toute la vie en CDD : non ! ", " Contre l'augmentation du coût de la vie ", " Flexibilité : nous ne sommes pas corvéables à merci ", " Santé privatisée : usager mal traités ", " Mesures antiouvrières : ce n'est pas une affaire réglée ".

En effet, sous prétexte d'assainir les dépenses publiques et de faire baisser le déficit qui était de 6 % en 2005, le gouvernement socialiste a fait des coupes claires dans les budgets de la Fonction publique et des services sociaux. Il veut en particulier diminuer le nombre des fonctionnaires, qui sont 750 000. Il affirme qu'en deux ans 15 à 25 % d'entre eux partiront, et 40 % à terme. Pour les faire démissionner tous les moyens sont bons : salaires et avancement ont été bloqués, les retraites alignées sur le privé (départ à 65 ans et pensions calculées sur l'ensemble de la carrière, et non sur la dernière période d'activité), les emplois précaires se multiplient, l'administration déplace les agents et supprime leur poste pour les pousser à se trouver un emploi dans le privé. Or le chômage n'a jamais été aussi élevé : il atteint aujourd'hui 7,5 %.

Tous les salariés souffrent des bas salaires. Le smic est à 400 euros, alors que les prix se rapprochent des niveaux européens. La TVA est passée de 19 à 21 % ! Les retraites des paysans et des ouvriers sont misérables. Le pouvoir d'achat des Portugais a en 2006 baissé officiellement de 0,9 %, et devrait baisser pendant plusieurs années encore.

Bien des grèves sectorielles, de l'éducation, des hôpitaux, etc., ont déjà eu lieu ces deux dernières années, mais celle-ci est la première qui s'adresse à tous les travailleurs, et son succès est un encouragement pour tous ceux qui veulent lutter contre cette politique destructrice de l'emploi et du niveau de vie. C'est aussi, depuis 1974, la première grève nationale de ce genre organisée contre un gouvernement socialiste. Il faut dire que Socrates est le premier à appliquer à grande échelle la politique antisociale que les précédents gouvernements de droite avaient annoncée, mais sans la mettre en oeuvre.

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