Kouchner aux Affaires étrangères : Du sac de riz aux sacs de sable... et d'or24/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2025.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Kouchner aux Affaires étrangères : Du sac de riz aux sacs de sable... et d'or

Interrogé sur son accession au poste de ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, Kouchner a répondu : " J'ai agi pour la défense des idéaux de solidarité et de progrès. Ministre, je porterai haut ces valeurs de la diplomatie française. "

Les " idéaux de solidarité et de progrès " auxquels il fait référence sont sans doute une allusion à son activité passée de médecin humanitaire. Mais la notoriété qu'il y a acquise lui a servi à accéder à d'autres responsabilités. Les caméras de télé l'ont filmé complaisamment débarquant en Somalie avec un sac de riz sur l'épaule. Il est certainement plus honorable d'apporter des vivres à ceux qui ont faim que de leur envoyer des bombes. Mais en fait les responsabilités de Kouchner l'ont plus amené à s'occuper des sacs de sable des barrages de soldats que des sacs de vivre pour la population.

Kouchner fut entre autres président de la mission des Nations unies au Kosovo, entre 1999 et 2000. La situation catastrophique de cette région était la conséquence directe de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie sous les coups des différentes factions, soutenues par les différents pays impérialistes. Après avoir encouragé le dépeçage du pays, les puissances impérialistes fixèrent les nouvelles frontières en bombardant la Serbie, puis occupèrent le Kosovo et le mirent sous l'autorité de Kouchner. Près de dix ans après, rien n'est réglé dans cette région du monde, mais il y a gagné ses galons de diplomate.

Kouchner se propose sans doute maintenant de faire au Darfour, pays africain en proie à la guerre civile et surtout aux rivalités des compagnies pétrolières, ce qu'il a fait au Kosovo : intervenir sous prétexte humanitaire, mais au mieux des intérêts des puissances occidentales, tandis que la population continuera à crever de misère. Nul doute qu'il le fera aussi bien que son prédécesseur Douste-Blazy ou que n'importe quel autre diplomate, estampillé humanitaire ou pas.

Mais le ministère des Affaires étrangères ne s'occupe pas seulement des questions " humanitaires ", mais aussi des questions " économiques ". C'est même cela qui l'occupe principalement, sauf quand, la diplomatie ne suffisant plus, l'armée française intervient directement. Dans certains pays d'Afrique qui sont entièrement sous la coupe de Total, Bouygues, Bolloré, etc. (le Gabon, le Sénégal, la Côte-d'Ivoire), l'ambassadeur de France a en fait plus de pouvoir réel que les politiciens locaux.

Que seraient Airbus, Dassault, Alstom etc. s'ils n'avaient pas les ambassadeurs pour leur servir de voyageurs de commerce, à moins que ce ne soit le ministre lui-même qui propose les contrats. Car il n'est pas de traité international qui ne se double de transactions commerciales. La " défense des intérêts de la France ", à laquelle Kouchner dit vouloir se consacrer, c'est bien entendu la défense des intérêts des capitalistes français.

Dans ce rôle de défenseur du sac d'or Kouchner a aussi quelques références : la société Total ayant été accusée d'employer des travailleurs forcés en Birmanie, elle embaucha Kouchner pour aller enquêter sur place en 2003. Son rapport, payé 25 000 euros, dédouanait complètement Total.

Aussi quand Kouchner dit qu'il a accepté d'être ministre sans se renier, on peut le croire.

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