Sarkozy président : Faire autrement...la même politique !16/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2024.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy président : Faire autrement...la même politique !

Sarkozy, à peine revenu de croisière, a commencé à " former son gouvernement ", c'est-à-dire à choisir ses ministres, tâche jusque-là réservée au premier d'entre eux. Apparemment, Sarkozy tient à les désigner lui-même et à le faire savoir, pour montrer qu'il veut assumer en personne la gestion quotidienne des affaires. Cela reviendrait à refaire du Premier ministre le simple exécutant qu'il était au début de la Ve République, sous De Gaulle.

Le régime présidentiel tenait alors autant à la stature personnelle de ce dernier qu'à la lettre de la Constitution. Il vient désormais du fait que les députés, devant lesquels le Premier ministre est censé être responsable, sont élus immédiatement après le président, dans la foulée, pour la même durée (cinq ans) et, pour la majorité d'entre eux, selon toute probabilité, sur le même programme. Le Parlement, dont l'élection découle ainsi de celle du président, devient donc, encore plus que par le passé, une simple chambre d'enregistrement.

Quant à " l'ouverture " annoncée en même temps par Sarkozy, elle pourrait bien sûr diminuer le nombre de maroquins ministériels offerts immédiatement à ses fidèles, et même en froisser quelques-uns au passage. Mais elle leur promet en contrepartie, si l'opération réussit, un nombre élevé de députés grâce à une " majorité présidentielle " réduisant le centre et la gauche à une place marginale.

Les entrevues avec les responsables syndicaux procèdent de la même tactique. Sarkozy assume lui-même les tâches habituellement dévolues au Premier ministre, avant même d'en avoir nommé un. Après avoir énoncé un programme d'attaques antiouvrières, et s'être fait élire largement, il se donne une apparence " d'ouverture " en en parlant tranquillement avec ceux dont on attendrait qu'ils le combattent.

Ce simulacre " d'ouverture ", ces discussions, ce renforcement du rôle présidentiel sont aussi une tentative de changer la forme de la politique. Mais le fond annoncé est dans la continuité de la politique du gouvernement précédent, auquel Sarkozy appartenait, et même de celle suivie par tous les gouvernements depuis des décennies. Le grand patronat attend que l'on augmente encore la part des richesses produites qui lui revient, au détriment de celle qui échoit aux travailleurs. On connaît les moyens de cette politique : suppressions d'emplois, blocage et même baisse des salaires, précarité, baisse des pensions de retraite et départ reculé, baisse des dépenses pour les services publics, diminution des impôts des riches, augmentation des taxes frappant les consommateurs, etc.

S'il le peut Sarkozy mettra cette politique en oeuvre par " consentement mutuel ", ne serait-ce que celui de ceux qui acceptent d'entrer dans son jeu. S'il ne le peut pas, il reviendra à l'arrogance et à la brutalité de ses discours électoraux. De toute façon, il cherchera à appliquer ce programme parce que c'est celui que souhaite le grand patronat. Mais, finalement, les résultats de cette politique dépendront moins des choix politiciens de Sarkozy et des alliés qu'il arrivera à trouver ou à acheter, que des luttes que mènera la classe ouvrière pour s'opposer à ses attaques.

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