Bolloré " n'a jamais eu aucune relation commerciale avec l'État français ". Ce communiqué du groupe était, bien sûr, destiné faire taire les mauvaises langues, après l'escapade maltaise du nouvellement élu chef de l'État, à bord du jet privé puis du yacht de Vincent Bolloré. Apparemment, le coup n'est pas une réussite car, même asséné avec l'aplomb que confère la fortune de Vincent Bolloré (une des 500 premières du monde), un mensonge reste un mensonge.

En effet, qu'un groupe présent dans le transport, la logistique, la distribution d'énergie, l'industrie, les médias, le cinéma, la publicité, la finance, etc., fasse 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires sans que l'État y soit pour quelque chose serait tout simplement impossible. Surtout quand son activité s'étend tant en France qu'à l'étranger, notamment en Afrique.

Ainsi, le ministère des Affaires étrangères vient de lui attribuer le marché du " traitement de la valise diplomatique fret " (par laquelle transite tout le matériel et toutes les marchandises entre la France et des centaines d'ambassades et de consulats dans le monde). Peu avant, le ministère de la Défense lui avait confié un marché " de transport de fret par voie aérienne ". Quant au géant de la publicité Havas et à l'institut de sondage CSA, parmi les principaux actionnaires desquels on trouve... Bolloré, ils multiplient bien évidemment les contrats commerciaux avec, entre autres, des entreprises publiques ou semi-publiques.

Et puis, l'aide de l'État à une telle multinationale ne passe pas seulement par des contrats en bonne et due forme. Ainsi, en Afrique, le groupe Bolloré possède des plantations et contrôle des ports en Côte-d'Ivoire, au Gabon, au Nigeria. La présence de troupes françaises sur place, et leur intervention au besoin, ainsi que les liens des gouvernants français avec les régimes locaux sont des ingrédients de poids dans le chiffre d'affaires de Bolloré et de ses pareils !

Alors, prêter son yacht au nouveau président, cela peut faire quelques petites vagues, probablement vite oubliées, mais cela ne peut pas faire de mal aux affaires.