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Dans le monde
Israël : Olmert sur la sellette
En Israël, des voix s'élèvent de tous côtés pour réclamer la démission du Premier ministre Ehoud Olmert, depuis la publication partielle d'un rapport pointant sa responsabilité dans l'échec de la guerre contre le Liban de l'été 2006.
Pour l'instant, ce qui a été publié par la commission Winograd le lundi 30 avril ne porte que sur les cinq premiers jours de cette guerre, mais c'est accusateur envers Ehoud Olmert et son ministre de la Défense Amir Peretz qui, selon ce rapport, se sont lancés dans cette guerre " de façon précipitée et malencontreuse ", suivant aveuglément les recommandations données par l'armée. Le chef d'état-major, Dan Haloutz, lui aussi taxé d'incompétence, a démissionné il y a quelque temps.
Un récent sondage montre que seuls 15 % des Israéliens feraient encore confiance à Olmert... mais que 0 % voteraient pour lui s'il se représentait à une élection ! Jeudi 3 mai, une manifestation réclamant sa démission a regroupé une centaine de milliers de personnes de tous bords politiques. À l'intérieur même de son gouvernement, les règlements de comptes commencent : la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui vise aussi à prendre sa place à la direction du parti Kadima, l'incite fortement à démissionner.
Malheureusement, ce qui, dans le rapport, est reproché à Olmert, ce n'est pas la politique agressive d'Israël attaquant le Liban sous prétexte d'éliminer le Hezbollah. Ce n'est pas non plus le fait que cette guerre ait causé 1 200 morts parmi la population libanaise, des milliers de blessés et des destructions sans nombre. C'est simplement le fait que la guerre menée au cours de l'été 2006 n'a pas abouti à la victoire attendue et que, de plus, elle a causé des victimes parmi la population israélienne. Car l'été dernier, quand Israël a attaqué le Liban, bien peu de voix se sont élevées dans le pays pour protester contre cette politique. Aucune en tout cas ne venait du Parti Travailliste, censé représenter la gauche israélienne, puisque le travailliste Amir Peretz, ancien dirigeant de la centrale syndicale Histadrout et du mouvement " La Paix maintenant ", a porté la responsabilité de cette attaque en tant que ministre de la Défense dans ce gouvernement de coalition.
Parmi les gens qui manifestent contre Olmert se trouvent des partis de droite ou d'extrême droite qui voudraient bien l'amener à démissionner afin de leur permettre d'accéder au pouvoir pour y mener une politique encore plus radicale contre les Palestiniens et les Arabes. Mais il y a aussi des gens sincèrement choqués de voir que leurs enfants ont laissé leur vie dans ce conflit, des jeunes qui ne veulent plus être manipulés lorsqu'ils sont à l'armée et un certain nombre de personnes qui souhaiteraient qu'Israël change de politique et consacre l'argent public, non pas à aller d'une guerre à l'autre, mais au bien-être de la population.
Toutes ces ambiguïtés dans l'opposition à Olmert lui permettent de continuer à s'accrocher à son poste, en disant qu'il n'y a pas d'autre politique possible. Mais l'intérêt de la population israélienne serait, non seulement qu'Olmert et son gouvernement partent, mais d'imposer que leurs dirigeants rompent avec cette politique guerrière. Car tôt ou tard, il faudra que la population israélienne trouve le moyen de vivre en paix avec les Palestiniens et l'ensemble des populations de la région.