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Airbus : À Nantes-Bouguenais
Le mercredi 2 mai, au lendemain du pont, une partie des travailleurs d'Airbus à Nantes-Bouguenais étaient déjà regroupés à la grille à l'embauche de l'équipe de 5 heures, avec l'idée de continuer plus nombreux la grève commencée le vendredi précédent. L'assemblée générale de 9 heures a décidé de la poursuite du mouvement.
À cette assemblée regroupant encore une fois essentiellement les travailleurs de la production, le représentant de FO national, Knepper, de Toulouse, a pris la parole pour expliquer qu'il fallait " des négociations avec la direction ", sous-entendu pas la grève. Ses paroles ont immédiatement été sifflées et huées, d'autant qu'il a ajouté rageur : " Si vous n'êtes pas contents, allez voir ailleurs comment ça se passe... " Il a alors dû quitter l'AG, qui commençait à devenir houleuse à son encontre !
La CGT et la CFDT ont proposé de faire voter la grève. Cela fut fait immédiatement, à main levée, à l'écrasante majorité et dans l'enthousiasme, aux cris de " Tous ensemble, tous ensemble ". Puis, après un tour dans les ateliers, tout le monde s'est retrouvé devant les grilles pour bloquer et rencontrer l'équipe d'après-midi, qui s'est mise en grève aussi.
Le lendemain, à l'embauche de 5 heures, l'idée de faire un Comité de grève commençait à circuler, dans le but d'assurer une liaison entre les travailleurs hostiles à toute récupération syndicale et les responsables syndicaux. À l'AG de 9 heures, une dizaine de travailleurs se sont proposés pour le comité de grève, représentant différents secteurs des ateliers, à condition qu'ils ne soient pas délégué syndical de quelque étiquette que ce soit. Ils ont été élus par l'AG, qui a également approuvé une plate-forme revendicative : retrait du plan Power 8, 5 % d'augmentation générale des salaires, reconduction des primes d'intéressement au même niveau qu'en 2006, ce qui correspond à environ 3 000 euros.
Vendredi 4 mai, nous avons appris que la veille, à Toulouse, la direction avait lâché 400, puis 500 euros de prime exceptionnelle et 2,5 % d'augmentation des salaires. L'AG, qui regroupait encore plus de monde que la veille, a alors reconduit la grève jusqu'au mercredi 9 mai, le pont du 8 mai devant servir à reprendre des forces.
L'énorme majorité des grévistes trouve ces propositions nettement insuffisantes par rapport à ce que tous les actionnaires se sont mis dans les poches sur le dos des salariés et ils veulent maintenir la plate-forme revendicative. Certains disaient : " S'ils lâchent si vite, c'est qu'il y a du pognon " ; d'autres ajoutaient : " C'est autant de pris pour payer la grève. "
À la grille, au barbecue, les discussions allaient bon train, les anciens se rappelaient de la grève de 1968, qui avait démarré le 14 mai à l'usine de Bouguenais (qui s'appelait alors Sud-Aviation). Des jeunes disaient qu'ils allaient bien fêter cet anniversaire et qu'il n'était pas question de reprendre sans le retrait du plan Power 8.
La colère couvait depuis un certain temps dans les ateliers. Les plans de suppressions d'emplois annoncés ont été mis en parallèle avec les millions de profits réalisés. Elle s'exprime maintenant dans ce mouvement de grève, qui commence à s'organiser malgré l'opposition d'une partie de l'appareil syndical et malgré les pressions appuyées de la maîtrise.