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Nigeria : Élection sur fond de corruption et de misère
Umaru Yar'adua, candidat du People's Democratic Party (PDP) et du pouvoir en place au Nigeria, a, sans surprise, remporté l'élection présidentielle du 21 avril. Une élection programmée qui a été marquée par de multiples fraudes et des violences qui ont fait au moins 200 morts. Les deux principaux partis d'opposition - le All Nigeria People's Party du général Muhammadu Buhari et l'Action Congress du vice-président Atiku Abubakar - ont d'ailleurs décidé de contester ces résultats devant la justice.
Celui qui apparaît comme le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo, au pouvoir depuis 1999 et qui, d'après la constitution, ne pouvait briguer un troisième mandat, devrait prendre ses fonctions le 29 mai prochain.
Cette parodie de démocratie s'inscrit dans ce qui a caractérisé l'histoire de ce pays depuis son accession à l'indépendance en 1960. Le Nigeria est habitué aux coups d'État et aux dictatures militaires et, même lorsqu'il est dirigé par un pouvoir civil, l'armée n'est jamais bien loin. Les dirigeants et les autorités du pays, profondément corrompus, sont surtout à la botte des majors pétrolières, comme Shell et Chevron.
En effet, depuis la découverte, dans les années cinquante, d'importantes ressources pétrolières et gazières, notamment dans la région du delta du Niger, le Nigeria est devenu le premier producteur africain et le cinquième à l'échelle du monde. Mais les retombées de cette richesse n'ont profité qu'aux multinationales et aux classes dirigeantes, qui ont détourné des centaines de millions de dollars à leur profit. Le pays et l'immense majorité de la population, eux, n'ont cessé de s'enfoncer dans la misère et le sous-développement. Trois habitants sur quatre doivent essayer de survivre avec moins de un dollar par jour. Quant aux infrastructures (distribution de l'eau, électricité...) et aux équipements publics (écoles, hôpitaux...), il y a longtemps qu'ils ont cessé de fonctionner faute d'investissement et d'une dotation budgétaire suffisante.
Cela n'empêche pas les grandes puissances occidentales d'entretenir de bonnes relations avec les couches dirigeantes nigérianes qui, à l'échelle du continent africain, s'efforcent de défendre les intérêts généraux de l'impérialisme. Jusqu'à présent, l'administration américaine se félicitait de la collaboration d'Obasanjo ; elle ne devrait rien avoir à craindre de son successeur désigné Umaru Yar'adua, fût-il élu au cours d'une parodie de démocratie.