Dimanche 22 avril, des centaines d'habitants d'Adhamiya, un quartier sunnite situé dans l'est majoritairement chiite de Bagdad, ont manifesté contre la construction d'un mur encerclant leur quartier. Le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a lui aussi protesté contre ce projet. Les habitants d'Adhamiya craignent d'être isolés et ils accusent l'armée américaine de vouloir les emprisonner, un peu comme le sont les Palestiniens derrière le mur construit par Israël.

Issu de la cervelle de quelques hauts gradés de l'armée américaine et construit à son initiative, ce mur dit de " sécurité " de 3,50 mètres de haut sur 5 kilomètres de long, est censé protéger les habitants qu'il enferme contre des attentats à la voiture piégée. Les travaux ont débuté le 10 avril et le projet prévoit aussi la construction de quatre murs similaires, entourant d'autres quartiers de Bagdad, pour séparer les différentes communautés.

" Ce mur est une des pièces maîtresses de la nouvelle stratégie des forces de la coalition et des forces irakiennes pour briser le cycle de la violence intercommunautaire ", a déclaré un porte-parole de l'armée américaine. On sait à quoi a mené l'ancienne " stratégie " : l'intervention américaine a plongé le pays dans un chaos sanglant, et depuis quatre ans les différentes factions sunnites ou chiites s'affrontent à coups d'attentats pour étendre leur zone d'influence. La population civile le paie, en plus de la misère issue de la débâcle économique, par des dizaines de morts et des centaines de blessés chaque jour.

Voilà à quoi aboutit le retour à la démocratie telle que la conçoit l'état-major américain : à créer des zones dans lesquelles les habitants n'auront de sécurité - bien fragile - que parce qu'ils seront cloîtrés derrière des murs de plusieurs mètres de haut, sous le contrôle permanent de militaires lourdement armés, et devant affronter la haine que ces protections susciteront dans les autres quartiers. La civilisation avance à grands pas !