Somme : Payer son patron pour espérer préserver son emploi.19/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2020.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Somme : Payer son patron pour espérer préserver son emploi.

Payer leur patron pour espérer garder leur emploi, c'est ce que font tous les travailleurs du pays sans qu'on leur demande leur avis. Prenons l'exemple du département de la Somme, où se situe le site Airbus de Méaulte : la construction d'un aérodrome privé pour M. Lagardère s'y termine. Elle a coûté environ 130 millions d'euros, financée seulement à hauteur de 11,25 % par Airbus. Les collectivités publiques (Région, Conseil général, communes et État) ont donc en quelques années généreusement puisé dans l'argent des impôts pour lui faire un cadeau de près de 120 millions d'euros. C'était, paraît-il, pour favoriser l'emploi. Or aujourd'hui Airbus veut se débarrasser de son usine de Méaulte.

Ces 120 millions d'euros versés en pure perte représentent l'équivalent de deux ans de salaire à 2 500 euros brut pour les 1 300 salariés de l'usine. Mais rien n'est envisagé pour interdire les licenciements à venir. La Région et l'État parlent juste de... remettre la main à la poche pour de nouvelles aides !

Ces aides publiques à fonds perdus sont continuelles. Elles prennent toutes les formes possibles et imaginables. Par exemple, c'est au nom de la protection de l'environnement que la société Pic Industrie à Airaines (qui menace de fermer son usine de 39 salariés) va toucher 660 000 euros pour la dépollution et la réhabilitation de son site. C'est au nom de la recherche et du développement que l'équipementier automobile Valéo a encaissé 2,3 millions d'euros pour la construction d'un centre technique à Amiens... avant de fermer sa fonderie et de licencier plusieurs centaines de salariés à 40 km de là sur son autre site d'Abbeville.

La famille Parisot se voit récompensée pour ses 150 licenciements récents dans son usine de Berteaucourt-les-Dames par le Conseil général, qui prend en charge les honoraires de deux désigners-créateurs pour développer de nouveaux produits. Guillaume Sarkozy, le frère du candidat, a puisé lui aussi dans les caisses publiques avant de mettre la clé sous la porte de son usine textile picarde. Et d'une façon générale, les patrons du département ont empoché, en 2005, cent cinquante-six millions d'euros sous forme d'exonérations de cotisations sociales.

Ces milliards donnés à fonds perdus à des patrons licencieurs sont d'autant plus choquants que la Somme est frappée de plein fouet par les licenciements (plusieurs milliers dans l'année qui vient). Non seulement ils ne serviront ni à sauver des emplois dans le privé, ni à créer des emplois dans le secteur public, mais ils en supprimeront, car il faut bien économiser sur les salaires d'enseignants ou de postiers pour trouver de telles sommes.

Tous ces cadeaux aux patrons expliquent pourquoi, à la rentrée prochaine, encore 49 classes d'école seront supprimées dans le département, pourquoi des lits d'hôpitaux disparaissent et des antennes Assedic sont fermées.

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