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Leur société
Quotas de CO2 : Les patrons ont le droit de polluer.
La Commission européenne a finalement approuvé le nouveau plan français de quotas d'émission de gaz carbonique pour la période 2008 à 2012. Les usines situées sur le territoire national auront le droit d'émettre 132,8 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, c'est-à-dire un peu plus que ce qu'elles ont émis en 2005 (131,3 millions). La lutte contre l'émission de gaz à effet de serre est en marche... arrière !
En novembre 2006 le gouvernement français, aux petits soins pour ses industriels, avait demandé l'autorisation d'en émettre 155,6 millions de tonnes, ce qui fut refusé par la Commission de Bruxelles qui trouvait cela exagéré et, surtout, que cela risquait de mettre en péril le " marché du CO2 ".
C'est que les entreprises qui n'ont pas utilisé tous leurs droits à polluer peuvent les revendre sur ce marché et, à l'inverse, celles qui ont épuisé ces " droits " peuvent en racheter. Or, comme tous les États ont favorisé leurs propres - si l'on ose dire - industriels, le marché s'est littéralement effondré. La tonne d'émission de CO2, qui valait trente euros il y a un an, vaut aujourd'hui autour d'un euro.
En 2005, un groupe comme Arcelor a gagné 90 millions d'euros, selon la CFDT, grâce à la revente de droits d'émission de CO2 généreusement accordés en excès par le gouvernement. Mais, pour la période 2008-2012, le numéro un mondial de l'acier estimait ne pas en avoir assez et menaçait de fermer les derniers hauts-fourneaux de Lorraine à Florange, en Moselle.
Arcelor a bénéficié de l'appui de l'UMP, par le biais de ses ministres, et celui du PS, par le biais du Conseil régional de Lorraine, pour exiger de l'Union européenne davantage de droits à polluer. Il a finalement obtenu une rallonge de 4 millions de tonnes, sans pour autant que la menace de fermeture soit définitivement écartée. Rien n'empêcherait pourtant Arcelor d'investir pour rendre ses installations moins polluantes, ce qui serait la moindre des choses, ou encore de racheter des droits à polluer. Mais non, les petites économies font les grands profits !
Dans les discours, tout le monde dénonce l'augmentation des gaz à effet de serre, dont le gaz carbonique, responsable en partie du réchauffement climatique. Les candidats de l'UMP et du PS ont signé le pacte de Nicolas Hulot. Mais quand il s'agit de demander aux industriels de polluer moins, on ne les voit plus. Tant pis pour le réchauffement climatique : il ne faudrait pas geler les affaires du patronat.