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Dans les entreprises
Trésor Public (Isère) : " Hélios " ne fait pas le compte.
La mission principale du Trésor Public est la tenue de la comptabilité et le contrôle des collectivités locales (communes, communautés de communes, départements, régions) et des établissements publics (hôpitaux, maisons de retraite, offices HLM, etc.).
En 2004, la décision a été prise de remplacer les vieilles applications informatiques par une nouvelle, fonctionnant sur internet et dénommée Hélios. Un beau cadeau aux entreprises du secteur informatique, puisque c'est une entreprise privée (Atos) qui a été choisie pour la conception et le déploiement de cette application, alors que le Trésor Public dispose de centaines d'informaticiens.
Estimé à 114 millions d'euros par un rapport parlementaire en 2005, le coût du projet s'élève aujourd'hui à 150 millions d'euros. L'objectif non avoué du lancement d'Hélios est la suppression d'emplois au Trésor, car la tenue de la comptabilité pourra dès lors être prise en charge directement par les collectivités locales. Mais déjà les agents du Trésor subissent les conséquences de ce programme informatique qui en est à sa... cinquante-neuvième version !
Dans l'Isère, cinq postes comptables sur une cinquantaine sont déjà passés à Hélios. À Vizille, avant le " basculement ", le poste était considéré comme un modèle et avait donc été choisi pour être le premier du département à changer en mai 2006. Aujourd'hui, les retards s'accumulent, malgré les heures supplémentaires non payées effectuées par les agents. Les conditions de travail se sont tellement dégradées que la moitié du personnel a fait une demande de mutation. À Goncelin, même constat : les heures supplémentaires pour maintenir le poste à jour ne se comptent plus. À Fontaine, en novembre 2006, un agent a fait un malaise au bureau. Le médecin lui a prescrit 15 jours d'arrêt, mais deux jours plus tard notre camarade se suicidait. Chacun s'accorde pour dire que les problèmes qu'il rencontrait dans son travail ont été un facteur aggravant de son état dépressif.
Face à l'ampleur et au nombre des problèmes, la date butoir de fin 2008 pour le basculement sur Hélios n'est plus imposée ; liberté est laissée aux trésoriers payeurs généraux, c'est-à-dire aux directions départementales, pour en fixer le rythme. C'est un recul, mais ce n'est pas suffisant, les salariés ne font pas plus confiance aux directions locales pour respecter leurs conditions de travail.