Résoudre la crise du logement, c'est un problème de volonté politique.13/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2019.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Résoudre la crise du logement, c'est un problème de volonté politique.

Chacun des deux candidats entre qui, nous dit-on, se jouera l'élection présidentielle, minore gravement le problème du logement.

Sarkozy n'envisage que la construction de 70 000 logements " sociaux " par an, et pour le reste prétend que l'accession à la propriété serait la meilleure solution, comme si cela pouvait résoudre les problèmes des plus pauvres. Ségolène Royal, qui se veut plus sociale, parle de construire 120 000 logements par an. Mais nous sommes loin du compte.

D'après la fondation Abbé-Pierre, il y aurait près de 1 300 000 familles inscrites sur les listes d'attente des HLM. Il y aurait aussi près de trois millions de personnes mal ou très mal logées, dans des hôtels vétustes, des taudis, des HLM délabrés, voire dans des caravanes, ce qui représente environ encore un million de familles. C'est donc plus de deux millions de logements qui manquent à l'appel aujourd'hui.

Avec Sarkozy, il faudrait presque trente ans pour combler ce retard. Près de vingt ans avec Ségolène Royal.

En fait, c'est trois millions de logements qu'il faudrait construire en trois ans, un million par an, si l'on voulait résoudre rapidement ce problème, et en même temps préparer l'avenir, car de nouvelles générations arrivent... et l'habitat vieillit.

Techniquement, avec les moyens modernes, il est parfaitement possible de construire dans de tels délais des logements confortables, dotés d'une bonne isolation thermique, loués à un loyer très modéré.

Financièrement, ce serait parfaitement possible aussi, à condition de rompre avec la politique qui a consisté depuis plus de vingt ans à diminuer la fiscalité frappant les classes les plus riches et à multiplier les cadeaux au patronat, en diminuant ainsi les finances publiques au lieu de les utiliser pour résoudre un problème aussi urgent que le logement et qui frappe une grande partie de la population.

D'autant que l'État aurait tout à fait le moyen de réduire considérablement le prix de revient de ces logements, en réquisitionnant les terrains nécessaires à un prix qui ne tienne pas compte de la flambée spéculative de ces dernières années, en engageant directement le personnel nécessaire à la construction de ces logements, cadres et ouvriers, sans passer par les requins du béton dont les prix sont étudiés... pour faire le maximum de profits.

Le problème du logement n'est certes pas le seul qui se pose aujourd'hui à la population laborieuse. Le maintien d'un chômage de masse qui, quoi que prétende le gouvernement avec ses chiffres visiblement mensongers, touche près de quatre millions de travailleurs, exigerait une politique de créations d'emplois, d'autant plus nécessaire que les services publics, l'enseignement, la santé, les transports en commun, etc., se dégradent faute d'effectifs suffisants.

La baisse du pouvoir d'achat des salariés, des retraités, de tous ceux que le handicap, le chômage prolongé, ou l'âge, réduisent aux minimums sociaux, exigerait aussi une autre politique, l'augmentation immédiate du smic à 1 500 euros net, une revalorisation de tous les salaires de 300 euros, la revalorisation dans le même sens de toutes les pensions et retraites et des minima sociaux.

Mais la timidité volontaire des mesures proposées par Ségolène Royal quant à la crise du logement, qui propose à peine mieux que Sarkozy, est tout un symbole. On ne pourra certes pas lui reprocher, après le 6 mai, de ne pas avoir tenu des promesses qu'elle n'a pas faites. Mais alors, il vaudrait mieux que les travailleurs lui montrent, le 22 avril, que c'est une tout autre politique qu'ils voudraient voir mise en oeuvre. Et c'est ce qu'ils pourront exprimer en votant pour ma candidature.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 9 avril.

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