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- Lutte ouvrière n°2017
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Leur société
L'affaire de l'école de la rue Rampal - Paris 19e - L'intervention policière suscite l'indignation
Lundi 26 mars, à l'appel des syndicats d'enseignants de la région parisienne, d'associations de parents d'élèves et du Réseau éducation sans frontières, plus de 2 000 personnes se sont rassemblées devant le rectorat de Paris, à la Sorbonne, pour dénoncer la détention arbitraire de la directrice de l'école maternelle de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement de Paris, et exiger l'arrêt total des poursuites engagées contre elle. Une délégation a été reçue par le recteur, qui a refusé de soutenir l'enseignante, estimant hypocritement que " l'affaire s'étant déroulée hors de l'école et du temps scolaire... si la directrice a commis un délit, le rectorat n'a ni à la soutenir ni à la protéger " !
Lors de ce rassemblement, la directrice, Valérie Boukobza, a fait lire un message de remerciements à tous ceux qui la soutiennent et elle a déclaré : " Ce que nous avons fait mardi dernier rue Rampal, beaucoup d'autres l'auraient fait de la même manière. Il ne s'agit là que du devoir de protection des enfants et de leurs familles et celui de la résistance pacifique à une forme d'oppression. "
Mardi 20 mars, à la sortie des classes de cette école maternelle rue Rampal, les policiers ont en effet commis des brutalités contre des parents, des professeurs et des riverains qui voulaient s'opposer à l'arrestation d'un grand-père chinois sans papiers, venu chercher ses petits-enfants. Déjà la veille, le lundi soir 19 mars, la police avait tenté d'arrêter une dame venue chercher sa petite nièce. On comprend l'indignation et la colère des parents témoins de ces souricières. Les policiers n'ont pas hésité à utiliser leurs matraques et à asperger la rue de gaz lacrymogène, alors que les enfants étaient devant leur école. Ils ont même menacé de lâcher leurs chiens !
Mais lorsque, vendredi 23, la directrice de cette école maternelle a été convoquée au commissariat et mise en garde à vue, elle a été accusée " d'outrage et dégradation de biens publics en réunion " pour avoir " tapé sur une voiture de police ".
Cent personnes ont fait le siège du commissariat mais il a fallu attendre sept heures pour qu'elle soit relâchée.
Cela fait des mois que, pour tenter de récupérer l'électorat lepéniste, Sarkozy accentue sa campagne répressive contre les immigrés. Contrôles aux faciès, arrestations, expulsions se multiplient dans les quartiers populaires de l'Est parisien.
Heureusement, face à ces exactions et à l'insécurité qu'elles engendrent, les habitants de ces quartiers s'organisent pour s'y opposer. Dans de nombreuses écoles se sont formés, souvent avec le Réseau éducation sans frontières, des comités de soutien pour réclamer la régularisation des familles sans papiers, pour les accompagner et les protéger dans leurs démarches administratives ou leurs convocations à la préfecture. De nombreux membres de ces comités, parents et professeurs, sont en contact téléphonique permanent. Quand une rafle débute, en particulier dans les quartiers de Ménilmontant, Belleville, Stalingrad, des commerçants et des riverains donnent l'alerte, et souvent plusieurs dizaines de personnes arrivent sur place en quelques minutes pour tenter de s'opposer aux arrestations et manifester, comme cela a été le cas rue Rampal. Une mobilisation qui, visiblement, devra se maintenir et s'amplifier.