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Dans les entreprises
Technocentre de Renault Guyancourt (Yvelines) : C'est l'embauche massive qui est nécessaire
Après le suicide d'un collègue au Technocentre de Renault, consécutif à trois autres suicides en deux ans et demi, la direction a fait connaître les mesures qui seront mises sur pied dès le mois d'avril afin de " renforcer la qualité de la relation humaine au coeur des équipes ", suivant l'expression d'un des responsables.
Désormais, le Technocentre comptera un directeur d'établissement supplémentaire, dont l'activité sera consacrée à " l'amélioration concrète des conditions de vie quotidienne " et au " suivi des analyses de l'observatoire du stress ". Des réunions dans chaque unité de travail seront organisées chaque semaine pour " écouter " les salariés, et une " journée de l'équipe " aura lieu une fois par an. Voilà pour le renforcement du " dialogue ". Quant à la " planification de la charge de travail ", la direction envisage d'embaucher 110 spécialistes de l'automobile (pour un établissement de 11 500 travailleurs) censés à eux seuls faire face au " pic d'activité " en 2007-2008, et elle aura recours à l'emploi d'intérimaires. Enfin, les " bureaux partagés " seraient sur la sellette, mais pour l'instant, rien n'est vraiment décidé à ce sujet au Technocentre.
Si ces mesures peuvent donner l'impression que la direction prend en compte les événements récents, le PDG Carlos Ghosn n'a, à aucun moment, évoqué de revoir les objectifs du contrat 2009. Or ce sont les pressions continues en vue de réduire les coûts qui détériorent les conditions de vie et de travail.
On a pu lire, dans le journal Le Monde du 18 mars, les déclarations de la veuve du collègue qui s'est suicidé le 20 octobre 2006. Elles traduisent combien la situation au travail s'était dégradée depuis des mois, au Technocentre, et avait pesé sur son mari. En plus de ses longues journées au bureau, il continuait à travailler le soir à son domicile ainsi que le week-end et il était à bout de nerfs et terriblement angoissé.
L'exigence de résultats, l'obligation de faire coûte que coûte des économies se répercutent à tous les échelons de la hiérarchie. Certes, aujourd'hui la direction tient officiellement un autre discours et fait mine de vouloir relâcher la pression. Mais pour un certain nombre de chefs, tout continue comme par le passé, à commencer par le contrôle tatillon des heures de travail et, comme il n'y a pas d'embauche véritable, il faut de toute façon terminer le travail dans des délais toujours raccourcis.
La seule manière de transformer véritablement nos conditions de travail serait d'embaucher et d'embaucher non pas 1 % d'employés en plus - ce que représenteront les 110 nouveaux emplois, s'ils sont effectifs -, mais d'embaucher massivement. Renault, qui a réalisé 2,9 milliards de bénéfices, en a les moyens !