Allemagne - Le retour au XIXe siecle : L'âge de la retraite passe de 65 à 67 ans22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne - Le retour au XIXe siecle : L'âge de la retraite passe de 65 à 67 ans

Le 9 mars, la loi sur le relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans a été définitivement adoptée par le Bundestag, le Parlement allemand, à une large majorité de 408 voix contre 169 et 4 abstentions.

Seuls 11 députés du Parti Social-Démocrate (SPD) se sont opposés à la politique de leur parti qui, depuis la fin 2005, gouverne avec la droite dans le cadre d'une " grande coalition ", et ont voté contre cette " réforme " qui va représenter une dégradation considérable de la condition ouvrière.

L'âge légal de la retraite va augmenter progressivement de 65 jusqu'à 67 ans à partir de 2012. Seuls les salariés ayant cotisé 45 ans pourront encore partir avant 67 ans... mais cela en concernera très peu dans les années à venir. Pour chaque mois manquant sur le nombre d'annuités nécessaires au moment du départ en retraite, il y aura un abattement de 0,3 %, soit 3,6 % par année manquante.

En réalité, malgré les plans du gouvernement pour promouvoir le travail au-delà de 50 ans, aucun patron n'a vraiment envie d'utiliser des travailleurs âgés. D'ailleurs l'âge réel de départ à la retraite se situe en fait actuellement autour de 63 ans. De son côté, la commission de travail du SPD baptisée " 60 plus " estime que " dans 60 % des entreprises en Allemagne personne de plus de 50 ans n'est employé ".

Ce sont donc bien des retraites amputées qui se profilent, pour tous ceux qui n'auront pas un nombre d'annuités complet ou ne pourront pas se payer des assurances complémentaires. D'autant que les retraites actuelles sont gelées depuis 2004 et que cela doit se poursuivre jusqu'au moins 2009, ce qui signifie déjà une baisse du pouvoir d'achat réel des retraités.

Les premières pensions de retraite ont été introduites en Allemagne en 1889. À l'époque, l'âge légal fut fixé à 70 ans. En 1916 il fut abaissé à 65 ans. En 1957, alors que l'Allemagne ne s'était pas encore totalement relevée des destructions de la guerre, alors que les logements manquaient, qu'un million de familles vivaient dans la misère, selon les statistiques officielles, le chancelier Konrad Adenauer, qui était pourtant loin d'être un progressiste, a introduit la retraite " dynamique ". Cela consistait à lier l'évolution des retraites à celle des salaires et à augmenter de façon significative les retraites de misère instaurées sous Bismarck, en les portant à 70 % du salaire moyen antérieur. À l'époque, les retraites ont ainsi augmenté d'un coup de 65,3 % pour les ouvriers et même de 71,9 % pour les employés.

Cinquante ans plus tard, dans une Allemagne qui est redevenue une des principales puissances économiques de la planète (c'est le premier exportateur mondial) et qui regorge de richesses, les gouvernants prétendent qu'il n'est plus possible de financer les retraites dans les mêmes conditions. Cela n'a rien à voir avec les prétextes officiels sur l'augmentation, présentée comme " catastrophique ", du nombre de retraités dans les décennies à venir, mais bien plus avec la rapacité du patronat qui, après avoir exploité les travailleurs pendant des années, ne veut même plus financer des retraites un peu décentes. Cela avec la complicité de toute la classe politique, y compris de celle qui se prétend de gauche.

Partager