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- Lutte ouvrière n°2015
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Dans les entreprises
SAFT - Bordeaux : Grève victorieuse pour les salaires
Sur les trois sites de la Saft, à Bordeaux, Nersac et Poitiers, qui produisent des batteries et qui emploient plus de 2 000 salariés, dont 1 750 ouvriers, techniciens et employés, l'annonce par la direction des maigres augmentations de salaire a mis en colère les salariés, qui ont aussitôt voté la grève.
Le mouvement a démarré jeudi 1er mars, jour de l'ouverture des négociations salariales à Paris. La direction annonçait alors aux syndicats 1,6 % d'augmentation, avec un minimum de 30 euros et une prime d'intéressement de 43 euros pour 2007, alors que celle-ci était de 500 euros l'année dernière. Ces propositions scandaleuses ont mis le feu aux poudres.
À Bordeaux, profitant d'une interruption de séance des négociations parisiennes, une assemblée générale réunie à l'initiative de la CGT a immédiatement décidé la grève. Les différentes équipes ont pris le relais, rejoignant le mouvement, si bien que près de 80 % des 370 salariés non cadres de l'usine ont fait grève, jusqu'au 8 mars. À Nersac, plus de la moitié des ouvriers, techniciens et collaborateurs ont fait grève. À Poitiers, la quasi-totalité des non-cadres était en mouvement.
Sur le site de Bordeaux, les accès de l'usine ont été occupés par les grévistes pendant toute la semaine. Mardi 6 mars, les pompiers de l'usine, des ouvriers volontaires et bénévoles, ont dit à la direction qu'ils rendaient leur carte, refusant dorénavant d'intervenir, ce qui dans cette usine chimique n'est pas anodin. Puis les grévistes ont décidé d'envoyer un bus à Paris pour faire pression sur la direction. À Paris, ils ont imposé que les négociations se déroulent portes ouvertes pour que tous les travailleurs qui avaient fait le déplacement puissent entendre ce qui se décidait en leur nom.
Le mouvement a gagné spontanément les jeunes embauchés depuis peu et leur participation à la grève a été des plus actives. Sur les trois sites, la production était complètement paralysée, faisant perdre, selon les estimations des syndicats, près d'un million d'euros par jour.
Au total, la direction a été contrainte de lâcher 2,45 % avec un talon de 50 euros, une revalorisation de l'intéressement à 300 euros dont 200 dès fin mars. Voilà une semaine de grève dont les travailleurs sont fiers, pour s'être fait respecter et avoir imposé à la direction de faire d'autres choix que prévu.