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Dans les entreprises
La Barre Thomas - Rennes : 309 suppressions d'emplois annoncées
Il n'y a pas de trêve électorale pour le patronat en Ille-et-Vilaine. Après l'annonce faite par Alcatel de fermer les deux usines de la région de Rennes, ce sont les patrons de la Barre Thomas qui viennent d'annoncer leur intention de supprimer 309 emplois.
Produisant essentiellement pour PSA, la Barre Thomas faisait travailler, il y a sept ans, plus de deux mille personnes. Suite à des opérations financières auxquelles personne n'a rien compris, si ce n'est qu'elles ont rapporté beaucoup d'argent au patron d'alors, Gomma, et qu'elles ont entraîné le dépôt de bilan de l'usine, il y a eu des " départs volontaires " et des préretraites sous prétexte de sureffectif.
Après le dépôt de bilan et les licenciements déguisés, l'entreprise a été reprise en 2006 par un fonds d'investissement, Silver Point. Ce fonds, constitué en 2002, gère plus de 9 milliards de dollars d'actifs et a plus de 200 participations dans des entreprises diverses. Très vite après son arrivée, le nouveau patron a réuni le personnel pour lui expliquer qu'ensemble, nous allions vivre une nouvelle aventure pleine de défis mais aussi, si chacun y mettait du sien, pleine de perspectives !
Personne n'était dupe, d'autant que ce que nous vivons au jour le jour n'encourage pas à faire confiance aux patrons. Les cadences sont toujours plus élevées et les machines de plus en plus vétustes car il y a très peu d'investissements. Les pressions sont fortes pour obtenir le quota et la qualité exigés, alors que nous travaillons dans certains secteurs sur deux ou trois machines en même temps. La flexibilité engendre des semaines de 45 heures. Le personnel des bureaux et les cadres ne sont pas épargnés par ces pressions renforcées. Et, à l'occasion, on leur " propose " de trouver du travail ailleurs.
Les salaires sont parmi les plus bas du secteur automobile dans la localité. En quelques années, depuis que la Barre Thomas a été vendue par PSA, nos salaires ont perdu au moins 100 euros par rapport à ceux de l'usine de PSA, toute proche. Les travailleurs qui ont plus de vingt ans d'usine gagnent en moyenne 1 300 euros par mois. Les jeunes sont embauchés au smic et l'augmentation des salaires a été nulle en 2006 et de 1,1 % en 2007 !
Malgré le prétendu sureffectif, il y a en permanence des dizaines d'intérimaires dans l'usine. Le manque de personnel est flagrant. Pour satisfaire les commandes, on nous impose des journées de travail supplémentaire obligatoires ou on nous propose des samedis " au volontariat ".
Après six mois de ce régime, l'entreprise a, paraît-il, réalisé plus de 1,4 million d'euros de bénéfices. Mais cela ne suffit pas : l'objectif annoncé est d'atteindre 20 millions d'euros en 2007 ! La direction se sert des prétendues difficultés que rencontre l'industrie automobile pour augmenter la productivité en réduisant les effectifs, quitte, demain, à avoir davantage recours à du personnel précaire, plus jeune et moins payé.
Tout le monde sait, ici, que les licenciements prévus n'ont pas d'autre objectif que la rentabilité des capitaux de Silver Point. Nous n'avons aucune raison d'accepter sans rien dire que 300 d'entre nous soient mis au chômage.
Dans son annonce de diminution des effectifs, la direction a le culot de dire qu'il faut " réussir 2007 pour préparer demain " ! Mais pour nous, réussir 2007, ce serait de lui faire remballer ses prétentions.