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- Lutte ouvrière n°2015
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Airbus-Toulouse - Les pertes d'Airbus : Une fable pour justifier les suppressions d'emplois
EADS vient de publier ses comptes 2006. C'est loin d'être la crise, qu'on en juge : " Des niveaux de livraison élevés ont généré un chiffre d'affaires de 39,4 milliards d'euros, en hausse de 15 %. (...) La position de trésorerie nette (s'élève) à 4,2 milliards d'euros ". En ce qui concerne la division Airbus, elle " a livré un nombre record d'avions en 2006 (434 contre 378 en 2005) "... avec une augmentation du chiffre d'affaires de 14 %. " Le carnet de commandes d'Airbus est plus étoffé que jamais. Fin 2006, il s'élevait à 210,1 milliards d'euros, sur la base des prix catalogue, soit un total de 2 533 avions. "
Malgré ce bilan, la division Airbus accuse... une perte d'exploitation de 572 millions d'euros, alors que le bénéfice d'exploitation de 2005 s'élevait à 2,3 milliards d'euros. " L'impact financier de l'A380 s'établit à -2,5 milliards d'euros ", déclare la direction d'EADS. En réalité, ces comptes sont plombés, pour ne pas dire truqués. Alors que 10 000 suppressions d'emplois viennent d'être décidées par le conseil d'administration d'EADS, ce dernier a sans doute jugé qu'il aurait été de mauvais goût d'annoncer en même temps la réalité des bénéfices. Comme l'indique le journal La Tribune du 10 mars, les dirigeants d'EADS-Airbus ont donc " décidé de passer sur l'année écoulée (2006) l'essentiel des pertes exceptionnelles générées par les retards de l'A380 et de l'A350 afin de faire place nette ", plutôt que de les répartir sur plusieurs exercices !
Malgré ces manipulations comptables, EADS affiche cependant encore un bénéfice d'exploitation de 399 millions d'euros, certes en baisse par rapport à 2005 où il s'élevait à 2,9 milliards d'euros. Le bénéfice net s'élèverait à 99 millions d'euros (1,67 milliards en 2005). Bénéfice quand même. Au point qu'il est même question de distribuer des dividendes aux actionnaires, à moins que ceux-ci ne jugent cela trop indécent alors que des mesures d'économies drastiques contre le personnel viennent d'être décidées.
Un dicton populaire affirme : " Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage " ; eh bien, la version capitaliste de ce diction se traduit par " Quand on veut 10 000 suppressions d'emplois, on dit qu'on fait des pertes ".
Tout cela ne fait guère illusion bien sûr, chez les salariés d'Airbus ou chez les sous-traitants. Surtout qu'il y a pour plus de cinq années de travail, qu'à l'usine les heures supplémentaires explosent et que la direction vient de demander aux ingénieurs, cadres et forfaités de travailler quatre jours de plus cette année. Dans certains secteurs, chez Labinal, aujourd'hui, la semaine de travail est de 44 heures obligatoires
Tout cela montre encore une fois combien il serait nécessaire d'imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur les comptes des grandes sociétés de ce type.
Le 16 mars, doit avoir lieu une journée de lutte lancée au niveau européen par les syndicats du groupe contre les mesures du plan de la direction EADS-Airbus. Il est prévu un rassemblement devant le siège social d'Airbus à Blagnac ainsi que dans d'autres villes en France, Angleterre, Espagne. Ce ne doit être qu'un début !