Airbus : Quelle riposte ?08/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2014.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Airbus : Quelle riposte ?

Ce mardi, les travailleurs d'Airbus manifestent contre les 10 000 suppressions d'emplois dans le groupe, dont 4 300 en France. La direction d'Airbus, et le gouvernement derrière elle, prétendent qu'il ne s'agit pas de licenciements secs. Mais quelle garantie en auraient les salariés, alors que les détails du plan ne sont même pas connus ? Alors qu'un des repreneurs pressentis d'une partie des activités de Saint-Nazaire, Letacoère, se défile déjà ? Les patrons connaissent toutes les ficelles pour déguiser les licenciements ou pour annoncer des reventes de sites qui se terminent par des fermetures. Au-delà des travailleurs d'Airbus eux-mêmes, ces suppressions d'emplois risquent d'en impliquer des milliers d'autres dans les entreprises sous-traitantes.

Pourtant Airbus a réalisé un chiffre d'affaires de 26 milliards de dollars. Sa maison mère EADS est le troisième groupe mondial de l'aéronautique. Les carnets de commande d'Airbus sont bien remplis, avec pour au moins cinq années de production. Les patrons d'Airbus prétextent certes des retards qui leur auraient coûté des sous. Mais avec moins de salariés, on ira plus vite ? Le seul but de ce plan, comme de celui qui a été annoncé tout récemment aussi par Alcatel-Lucent (12 000 suppressions dans le monde dont 4 500 en Europe, 1 500 en France), est de réaliser davantage de profits en exploitant davantage, en augmentant la charge de travail de ceux qui restent.

En pleine campagne électorale, cela fait, pour les hommes politiques, un peu désordre. Sarkozy lui-même se doit de dire qu'il est attentif aux salariés. Mais le gouvernement dont il est membre s'est félicité du plan d'économies d'Airbus, qualifié de « nécessaire » par Villepin et « d'indispensable » par le ministre de l'économie, Breton.

Le ton de Ségolène Royal se veut différent : elle prétend se démarquer de cette catastrophe sociale et critique le gouvernement. Elle évoque une intervention des pouvoirs publics, mais en aucune façon une interdiction des licenciements. Pourtant l'État en aurait les moyens : il possède 15 % des actions du groupe EADS. Il est vrai qu'en offrant à EADS, lors de sa création, cette partie importante du capital, le gouvernement français avait renoncé à tout droit d'intervention dans la politique du groupe, confiant au patron privé Lagardère la représentation de ses intérêts. Le chef du gouvernement d'alors s'appelait Jospin, son ministre de l'économie Strauss-Kahn.

En quoi les 100 millions d'euros de cadeau à Airbus promis par Villepin ou les 150 à 200 millions d'euros que les présidents de région de gauche seraient prêts à investir dans Airbus empêcheraient les licenciements ? En proposant l'investissement des régions, Royal dit suivre l'exemple de l'entrée des régions allemandes dans le capital d'Airbus. Comme si les salariés allemands d'Airbus étaient à l'abri, menacés aussi de 3 700 suppressions d'emplois !

Quand les entreprises licencient pour accroître leurs profits, la question n'est pas de leur offrir de nouvelles aides, avec l'argent de nos impôts. C'est de leur interdire de licencier, en prenant sur leurs profits. C'est le programme qu'avance depuis des années Arlette Laguiller. C'est ce que nous pourrons réaffirmer, nombreux, en votant pour elle dans la prochaine élection présidentielle. C'est ce que nous pourrons imposer par la lutte.

En France comme en Allemagne, les salariés d'Airbus ont fait grève la semaine dernière, dès l'annonce du plan. Il y aura des manifestations ce mardi. D'autres grèves et manifestations, dont une à l'échelle européenne, sont déjà annoncées. Cela ne concerne pas les seuls salariés d'Airbus, de France comme d'Allemagne. Cela nous concerne tous. Le PDG de l'eugeot-Citroën ne vient-il pas d'annoncer qu'il prévoit lui aussi des baisses d'effectifs ?

La riposte doit se renforcer en rassemblant avec les salariés d'Airbus ceux des différentes entreprises frappées par des plans de licenciements. Elle devrait déboucher sur une protestation d'ensemble du monde du travail. Seule façon d'en finir avec ces vagues de licenciements.

Éditorial des bulletins d'entreprise du lundi 5 mars 2007, édités par la Fraction « L'Étincelle » de Lutte Ouvrière.

Convergences Révolutionnaires n° 49 (janvier-février 2007)

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Dossier : gauche, droite, gauche... Le piège de l'alternance

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