Les anciens membres d'Action Directe emprisonnés, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, viennent de passer le cap des vingt ans de prison, il y a quelques jours.

Ils avaient été condamnés à la perpétuité pour l'assassinat de l'ingénieur général de l'armement, René Audran, et du PDG de Renault, Georges Besse. Leur peine de sûreté est terminée depuis deux ans, mais leurs recours n'ont jamais été pris en considération par la justice française, alors que les deux familles des victimes ne s'opposent pas à leur remise en liberté.

Seule Joëlle Aubron, atteinte d'un cancer, a pu bénéficier d'une libération en 2004, avant de décéder en 2006. Mais Nathalie Ménigon, qui est hémiplégique après deux accidents vasculaires cérébraux, et Georges Cipriani, qui a dû faire un séjour en hôpital psychiatrique, restent en prison.

Le comité de soutien aux emprisonnés d'Action Directe va poursuivre ses recours pour obtenir la libération des anciens d'Action Directe, avec le soutien du PCF, de la LCR et de Lutte Ouvrière, mais aussi de personnalités comme maître Henri Leclerc, les dessinateurs Tardi et Siné, Gérard Miller ou Alain Geismar.

Jean-Marc Rouillan s'apprête à déposer sa seconde demande de mise en liberté. La justice examine, depuis novembre dernier, une troisième demande de Nathalie Ménigon.

À l'heure où l'Allemagne vient de libérer une ancienne membre de la Fraction Armée Rouge, l'État français continue de réserver sa clémence à d'ex-serviteurs zélés, comme on l'a vu avec Papon qui avait obtenu facilement sa libération " pour raison de santé ", après avoir passé seulement trois ans en prison pour la déportation de 1600 Juifs sous Vichy, un crime pour lequel il n'a pourtant jamais montré le repentir que les autorités, semble-t-il, exigent des membres d'Action Directe.