Finalement, la menace d'une grève imminente chez Dacia, filiale roumaine de Renault qui produit la Logan, a forcé sa direction à accepter une revalorisation salariale de 20,2 %.

Même si celle-ci doit s'étaler jusqu'en juillet, et s'il ne s'agit plus des 26 % que réclamait le syndicat de l'usine, c'est nettement plus que les 5 à 6 % que la direction avait osé proposer, début février. Cela avait été aussitôt rejeté par les travailleurs car cela correspondait à peine à l'inflation. De plus, ils savaient que leur patron avait les moyens de céder plus. Selon les syndicalistes de Dacia, le constructeur " affichait un bénéfice d'environ 100 millions d'euros ", fin 2006. Alors, quand Renault-Dacia est revenu à la charge, même avec une proposition d'augmentation plus que doublée (13,5 %) par rapport à sa proposition initiale, les travailleurs ont maintenu leur menace de grève et ont forcé la direction à céder 20,2 %.

Renault-Dacia en a certainement les moyens. Quand, en 1999, la firme française a profité de la privatisation du constructeur roumain, Dacia comptait 28000 travailleurs. Huit ans plus tard, Renault s'est débarrassé de plus de la moitié des salariés de Dacia.

Ils ne sont plus que 11000 à produire, notamment, la Logan. Prévue pour être vendue sur ce que Renault appelle " les marchés émergents " (en clair, les pays pauvres), la Logan a fait une percée inattendue, et tout bénéfice pour Renault, en France notamment où elle se vend à partir de 6000 euros. Un joli prix, quand on sait que cette voiture est produite dans un pays où le salaire moyen nominal est quatre à cinq fois moindre qu'ici.

Alors, Renault a eu beau pleurer misère, répandre la rumeur de bénéfices moindres et d'un tassement de ses ventes en Roumanie dès l'annonce d'une possible grève chez Dacia, personne n'est dupe quand il pleure la bouche pleine.