Depuis le début de l'année, les patrons d'Hutchinson, filiale de Total spécialisée dans le caoutchouc industriel, ont décidé de lancer une négociation avec les syndicats sur " l'insertion des travailleurs handicapés dans le monde professionnel ".

Cela fait suite à l'application de la nouvelle loi du même nom, applicable depuis l'année dernière, qui renforce un peu les contraintes financières vis-à-vis des entreprises ne respectant pas l'obligation d'employer les 6 % normalement prévus de travailleurs handicapés.

À Joué-lès-Tours, les patrons ne respectaient déjà pas l'ancienne loi et aujourd'hui ne comptent pas embaucher un travailleur handicapé de plus. Profitant du fait que nombre d'entre nous ont dû être reclassés sur d'autres postes suite à des accidents du travail ou à des maladies professionnelles, les patrons voudraient demander à tous les travailleurs reclassés de se faire reconnaître Cotorep afin d'atteindre ainsi plus facilement les 6 % de travailleurs handicapés.

Hutchinson va donc faire en sorte de transformer artificiellement certains des travailleurs de ses usines en " nouveaux handicapés " déclarés, pour ne pas payer d'amende. C'est d'autant plus cynique de la part des patrons qu'Hutchinson a un taux élevé d'accidents graves du travail et " fabrique " de fait chaque année des travailleurs handicapés. Plusieurs d'entre nous ont eu des doigts arrachés ou écrasés sur leur poste de travail et, l'an dernier, un intérimaire a dû subir une ablation d'un rein et de la rate après avoir été percuté par une tringle de confection de tuyaux...

Quand le PDG de Total annonce plus de 12 milliards de profits cette année, il assène que c'est positif pour la France et pour les salariés de l'entreprise. Chez Hutchinson, on n'en voit pas la couleur en matière de conditions de travail, ni de sécurité, ni de salaires.