Après l'annonce le 9 février dernier par Patricia Russo, la nouvelle directrice générale du groupe Alcatel-Lucent, des 12500 suppressions d'emplois dans le monde, c'est dans les différents pays que se font les annonces.

En France, mi-février, les CCE (réunions des Comités centraux d'entreprise) se sont succédé pour se terminer par le résultat suivant :

- 1468 emplois en CDI supprimés en France sur environ 12000, auxquels il faut ajouter près de 500 prestataires et intérimaires ;

- la fermeture de deux centres à Rennes-Saint-Grégoire et Cesson-Sévigné où travaillent respectivement 150 et 50 salariés, qui devaient être dans un nouveau " pôle de compétitivité " local dont les bâtiments neufs sont pratiquement achevés !

À l'annonce de ces chiffres, plusieurs manifestations ont eu lieu dont une, dès le 14 février, au Palais des congrès de Paris où se tenait le Forum des entreprises, un salon organisé par Alcatel pour les utilisateurs de centraux téléphoniques.

Il y avait beaucoup plus de policiers que de manifestants. Il était donc difficile de s'inviter à l'intérieur du Palais des congrès, mais, du coup, M. De Pesquidoux, directeur de l'activité entreprise, un des bras droits de Patricia Russo, habituellement tellement débordé qu'il n'a même pas le temps d'aller aux CCE, est descendu pour tenter de justifier l'injustifiable.

Le 15 février, un appel intersyndical dans tous les centres a été largement suivi. Il a mobilisé près de 5000 salariés, soit près de la moitié de l'effectif. Ainsi, 800 personnes se sont réunies à Vélizy, 400 à Châteaufort, 600 sur Villarceaux-Marcoussis, 300 à Colombes, 200 à Ormes. Nantes et Lannion ont fait grève toute la journée à près de 100%. Quant à Rennes, ils n'ont pas repris le travail.

Les salariés sentent bien qu'un nouveau coup d'accélérateur aux réorganisations vient d'être annoncé dans le but de satisfaire les actionnaires. Ainsi le nouveau groupe explique partout qu'il veut faire 1,7 milliard d'économies d'ici 2009.

Jusqu'à fin 2006, et la concrétisation du mariage entre Alcatel et Lucent, la direction avait présenté comme indispensable à cette fusion... de supprimer 9000 postes. Puis, quelques semaines après, ce sont 12500 postes supprimés qu'elle annonce. Et elle ajoute qu'au moins 600 millions d'euros d'économies seraient concentrés sur la seule année 2007, contre 400 millions envisagés auparavant.

Si on comprend bien, ces 200 millions d'économies en plus se solderaient donc, pour les salariés, par 3500 emplois supprimés supplémentaires. Mais, dans la même annonce, cela ne gêne pas la direction du nouveau groupe de dire qu'au moment de l'assemblée générale des actionnaires en juin prochain, elle distribuera... 370 millions d'euros de dividendes !

Mardi 20 février, des actions étaient prévues dans certains centres d'Ile-de-France et en Bretagne, avec une journée de grèves et de manifestations, jeudi 22 février.