Chômage : Les promesses en trompe-l'oeil de Ségolène Royal16/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2011.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Les promesses en trompe-l'oeil de Ségolène Royal

Les promesses de Ségolène Royal, même si elles étaient tenues, ne permettraient pas d'éradiquer cette plaie qu'est le chômage, les mesures qu'elle envisage de prendre pour lutter contre lui ne sont que de vieilles recettes qui n'ont jamais résolu le problème.

Sa mesure phare contre le chômage des jeunes est en effet la création de 500 000 emplois dits «tremplins». Ce type d'emploi existe déjà dans un certain nombre de régions, dont Poitou-Charentes, la région présidée par Ségolène Royal. Ce sont des emplois dans le bâtiment, l'aide à domicile, l'environnement, le sport, etc, pour lesquels les employeurs bénéficient d'aides publiques pendant 3 mois, 6 mois ou 3 ans. Ce sont de nouveaux effets d'aubaine pour les entreprises mais ils ne comportent aucune garantie pour les jeunes de décrocher un CDI, ni même d'avoir un emploi pendant cinq ans comme le permettaient les emplois-jeunes de Jospin.

Les aides pour inciter les entreprises à créer des emplois ne servent qu'à faire payer, par l'argent public, ceux qu'elles auraient de toute façon créés. Depuis trente ans que les différents gouvernements les pratiquent, elles n'ont pas permis d'enrayer le chômage.

Pourtant Ségolène Royal n'entend pas les réduire. «Sur les 65 milliards d'aides aux entreprises, seuls 5% sont orientés vers la recherche et l'innovation, je m'engage à porter cette part à 15%, c'est-à-dire à la tripler», a-t-elle déclaré à Villepinte le 11 février. Elle veut soutenir «l'effort des entreprises innovantes et créatrices d'emplois», les PME, etc., et elle assure que «en contrepartie, elles sauront créer des emplois durables».

Son pacte présidentiel prévoit certes de «conditionner les aides publiques aux entreprises à l'engagement de ne pas licencier quand l'entreprise dégage des profits substantiels, et obtenir le remboursement en cas de délocalisation»... mais manifestement pas en cas de licenciements: l'engagement de ne pas licencier serait donc purement formel.

Quant à la «sécurité sociale professionnelle garantie par l'État», façon Royal, il s'agirait de toucher pendant un an 90% du dernier salaire net en échange de l'acceptation d'une formation ou d'une recherche active d'emploi. Cette expression bien pompeuse pourrait baptiser ce qui ne serait qu'une nouvelle mouture, pas plus avantageuse, de l'allocation chômage. Mais s'il s'agit d'inciter un salarié craignant un licenciement à quitter volontairement son emploi «sans passer par la case chômage» comme l'a dit Ségolène Royal dans son discours, il ne s'agirait alors de rien d'autre que d'un «divorce à l'amiable» avec l'entreprise tel que le préconise la présidente du Medef, Laurence Parisot. Le salarié n'aurait rien à y gagner. Mais comme le dit Royal, ce serait sans doute «soulager les entreprises honnêtes qui sont confrontées à des problèmes économiques et qui ne veulent pas laisser leurs salariés sur le carreau», qui jugera des «problèmes économiques» des entreprises?

En étant ainsi aux petits soins pour les patrons, Ségolène Royal qui ne veut ni les contraindre à maintenir les emplois, ni cesser de les subventionner à fonds perdus avec l'argent public, pourra peut-être, si elle est élue, faire quelques gestes comme la suppression du Contrat nouvelle embauche, le CNE, mais pas s'attaquer sérieusement au chômage et à ses causes.

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