Nicolas Sarkozy, qui annonce «qu'ensemble tout est possible», a d'ores et déjà montré aux habitants de la rue d'Enghien, dans le 10earrondissement de Paris, comment il lui était possible de changer la vie dans leur quartier.

Ainsi, depuis l'installation de son QG de campagne au n°18 de cette rue, les immigrés sont systématiquement contrôlés et beaucoup ont déserté les lieux. Les boutiques sont moins fréquentées, car les voitures officielles et les cars de CRS occupent les places et font tourner leurs moteurs, enfumant riverains et passants...

Les Renseignements Généraux, décidément fort actifs ces temps-ci, ont mis le quartier sous haute surveillance. Les habitants des trois immeubles qui font face au QG ont été priés de répondre à un «recensement de sécurité» en appelant un agent des RG, qui leur conseille de ne pas recevoir de paparazzi, évoque des «dangers terroristes» ou la présence d'un sniper sur les toits. Et les voilà fichés.

Lundi 5 février, à 6 heures du matin, les «dangereux terroristes» étaient les Kurdes du centre culturel Ahmet-Kaya, situé au... 16 de la rue d'Enghien. Sous prétexte d'une enquête contre le «blanchiment d'argent» et le «financement du terrorisme», les locaux ont été perquisitionnés: portes défoncées, tiroirs vidés, chaises renversées, les policiers sont repartis avec trois ordinateurs et les dossiers de tous les adhérents. L'après-midi, dénonçant cette «perquisition totalement illégale», une cinquantaine de Kurdes manifestaient devant le centre, dans une rue dont les extrémités étaient bloquées par une dizaine de cars de CRS, pour empêcher l'arrivée d'autres manifestants.

Sarkozy candidat ne laisse personne oublier qu'il est ministre de l'Intérieur. Et quand le «premier flic de France» installe son QG dans un quartier populaire, c'est sous très, très haute protection.