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- Lutte ouvrière n°2010
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Ciba-Huntsman - Saint-Fons (Rhône) : Grève contre la fermeture de l'usine
Les travailleurs de l'usine Huntsman de Saint-Fons, en banlieue de Lyon, viennent de faire plus d'une semaine de grève, par groupe d'une vingtaine chaque jour, ce qui a paralysé la production (le travail se fait en équipes 5x8, 3x8 et à la journée). Ils veulent des garanties sur les conditions dans lesquelles la fermeture annoncée de l'usine aura lieu fin 2008, réclamant en particulier une prime de départ conséquente pour les 217 salariés qui seront licenciés.
Cette usine, qui fabrique des colorants pour le textile, appartenait depuis plus de cent ans au groupe Ciba. En juin 2006, Ciba a vendu toute son activité chimie textile (qui employait 4000 travailleurs) à Huntsman, un autre groupe chimique important. Cette activité était rentable, mais son taux de profit était de 9%, alors qu'il dépasse les 15% dans d'autres activités chimiques. Ciba s'est comporté comme Total avec Arkéma ou Rhône-Poulenc avec Rhodia: pour plaire aux actionnaires, ils ne conservent que les activités qui rapportent le plus.
Après la cession, les restructurations ont continué: Ciba prévoit de supprimer 2500 emplois (un sur six) et Huntsman a annoncé dès fin octobre la réorganisation de la chimie textile qu'il venait d'acheter, avec la suppression de 650emplois et la fermeture de plusieurs sites, dont celui de Saint-Fons. De plus, le siège social France de Ciba, installé sur ce site, va déménager, supprimant au passage une dizaine d'emplois sur 80.
À l'usine de Saint-Fons, le carnet de commandes est plein et la production en augmentation. Les fabrications ne seront pas supprimées mais vont déménager. Ciba, qui est resté, malgré la vente, le seul client de cette usine, est autant responsable que Huntsman de la fermeture, mais est aux abonnés absents quand les travailleurs s'adressent à lui.
Lors des négociations vendredi 2 février, la direction de Huntsman a proposé d'augmenter un peu la prime de licenciement prévue. Dépendant de l'ancienneté, elle correspondrait, au maximum, à 30mois de salaire, au lieu de 24 prévus initialement, mais avec moins de cinq ans d'ancienneté ce sera presque rien. C'est bien moins que ce que les salariés auraient voulu obtenir car, pour les travailleurs licenciés, il sera difficile de retrouver du travail dans les usines chimiques de la région, où les effectifs ont plutôt tendance à diminuer et où ils perdront leur ancienneté.
Pour le moment, la grève est suspendue en attendant une nouvelle réunion avec la direction jeudi 8.