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Leur société
Restrictions sur la santé, mais les médecins libéraux sont bien soignés
Après la hausse d'août dernier, qui portait la consultation des généralistes à 21 euros, aujourd'hui, à l'approche des élections, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, se dit favorable à une nouvelle revalorisation à 23 euros, ce qui représenterait en moyenne un supplément de 633 euros net par mois et par médecin.
Entre les multiples revalorisations de leurs tarifs et les dépassements d'honoraires que s'octroient de plus en plus de médecins, leurs revenus ne cessent de prospérer. Michel Chassang, président de la confédération des syndicats médicaux français, s'était exclamé que l'année 2002 «restera gravée dans les esprits des généralistes comme un cru exceptionnel». Cette année-là, la consultation des généralistes était passée à 20 euros, ce qui avait fait progresser leurs revenus de 10,8% en deux ans, et même de 17,6% pour les pédiatres, grâce aux cinq euros supplémentaires attribués pour chaque consultation sur un enfant de moins de deux ans.
Quant aux spécialistes, la progression a été de 25% (déduction faite de l'inflation) depuis 1990, et beaucoup plus pour beaucoup d'entre eux, avec le recours de plus en plus fréquent aux dépassements d'honoraires.
Pendant que les médecins libéraux sont choyés, le pouvoir d'achat ne cesse de baisser pour la grande majorité des salariés et des retraités. Ils doivent rogner sur tout, y compris sur leurs dépenses de santé dont, en plus, le gouvernement les accuse d'abuser. Et sous prétexte de «responsabiliser» les patients, on les taxe encore en leur extorquant un euro par consultation et un prix de forfait hospitalier en constante progression.
Le gouvernement associe les médecins libéraux à cette politique de restriction préjudiciable aux malades. Selon les engagements de «maîtrise des dépenses» des médecins pour 2006, ceux-ci sont notamment incités à réduire les prescriptions d'antibiotiques, d'anxiolytiques et d'examens médicaux, ainsi que le nombre d'arrêts de travail qu'ils délivrent. Ces économies faites sur le dos des patients se chiffrent à 600 millions d'euros pour 2006, l'équivalent de ce que coûterait à l'assurance-maladie la nouvelle augmentation envisagée de la consultation.