Ces dernières années, BNP Paribas a regroupé à Montreuil une grande partie de son informatique. Environ 4000 salariés travaillent sur ce site. Ce sont des ingénieurs et cadres en majorité, dont les deux tiers viennent de sociétés de services comme IBM, Cap Gemini et de nombreuses petites sociétés sous-traitantes.

Dernièrement, lors du déménagement de près de 250 salariés d'un immeuble à un autre, la direction a innové, en créant des «espaces ouverts» (open spaces), de grands bureaux dits paysagers. Or jusqu'à présent, dans les différents immeubles, les bureaux étaient de 4, 6 ou 8 salariés en moyenne; et là, certains de ces espaces ouverts devaient en regrouper jusqu'à 70! L'absence de cloisons générait un bruit de fond permanent, une gêne constante due aux téléphones, aux imprimantes et au passage.

Il devenait très difficile de travailler et en particulier de se concentrer dans ces conditions. Le but, selon la direction, était de «favoriser la communication entre les équipes». Les buts réels étaient aussi de faire quelques économies, en regroupant plus de monde à moindres frais dans le même espace. Et peut-être aussi à terme d'ouvrir la voie aux bureaux partagés, sans place de travail fixe.

Rapidement, une pétition pour l'installation de cloisons a circulé, à l'initiative de salariés des deux étages du site. Elle a été massivement signée par 180 salariés sur les 200 concernés. Ce qui choquait beaucoup, c'est que les chefs qui nous disaient que ces espaces étaient une bonne idée avaient tous des bureaux individuels!

La direction n'était pas très habituée à de telles réactions, d'autant plus que la pétition avait été signée par des salariés dont la majorité sont ingénieurs, cadres salariés BNP Paribas mais aussi assistants extérieurs en mission temporaire.

Finalement, elle a dû accepter de revoir ses plans. Des cloisons vitrées devraient être installées rapidement entre les bureaux. Comme quoi s'organiser et s'y mettre tous ensemble peut accélérer la réflexion en haut lieu