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- Lutte ouvrière n°2007
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Dans les entreprises
General Motors – Strasbourg : Grève massive pour 100 euros d’augmentation
Le 11 janvier, l'écrasante majorité des 700 membres du personnel de fabrication (sur un effectif total de 1500 personnes) de l'usine General Motors de Strasbourg, s'est mise en grève. Celle-ci a démarré quand les travailleurs ont appris que la direction maintenait sa volonté d'utiliser les jours de RTT pour d'éventuels jours de chômage technique et qu'ils seraient donc travaillés. En plus, elle voulait récupérer la petite différence entre les indemnités de la Sécurité sociale locale et le salaire quand les travailleurs sont malades. Enfin, question salaire, ses propositions étaient plus que maigrelettes: 0,8% d'augmentation générale et 0,9% au mérite au départ!
Le mouvement est parti à l'initiative de la CGT. Mercredi 10, elle avait appelé à une réunion d'information sur le temps de pause. La centaine de travailleurs présents avait décidé de se retrouver le lendemain au moment de la réunion de négociation salariale. Comme elle ne débouchait sur rien, des travailleurs des ateliers ont demandé aux délégués de sortir: ils avaient arrêté le travail!
Avec les délégués, ils ont fait le tour des ateliers entraînant bon nombre de travailleurs. En Fonderie, certains disaient «attends, on laisse le cycle se terminer et on arrête». Au bout du compte, ils se sont retrouvés 240, la presque totalité des ouvriers de production de l'équipe du matin. Réunis en AG, ils ont voté pour deux revendications: une augmentation mensuelle de 100 euros pour tous et le paiement des jours de grève. La revendication de 100 euros ressort d'un sondage organisé par la CGT avant le début des négociations salariales. Accueillie par ceux du matin, l'équipe d'après-midi s'est mise en grève tout aussi massivement, suivie de l'équipe de nuit.
Un certain nombre de chefs et de cadres ne manifestent aucune hostilité contre les grévistes, certains trouvant même que la direction pousse le bouchon un peu loin. Plusieurs techniciens du centre de recherche de GM ont refusé de remplacer des grévistes au montage. Après le week-end, lundi, les grévistes étaient encore plus nombreux, rejoints par des employés et des cadres. La direction a fait le tour de tous les secteurs de maintenance, d'outillage, de métrologie et de bureaux techniques pour envoyer les travailleurs sur les chaînes. Un grand nombre a d'abord refusé, disant qu'ils étaient solidaires des grévistes, et mardi 16, ils se sont déclarés en grève car il n'était pas question pour eux de jouer les briseurs de grève.
Sur les chaînes de montage, il n'y a quasiment que des chefs ou des cadres -y compris le directeur de production!- qui essaient de sortir la production. Autant dire que celle-ci est très réduite!
L'ex-PDG, nommé à Anvers pour diriger une autre usine GM, a dû rester à Strasbourg lundi pour «négocier». La direction a fait marche arrière sur les RTT et les indemnités de Sécurité sociale. Après avoir proposé 35 euros d'augmentation au 1er janvier ou 50 au 1er mai puis une prime de 150 euros, à la troisième réunion, elle a proposé 75 euros mais au mois de juin ou à la date anniversaire d'embauche. À chaque fois, les grévistes consultés ont dit «non»: ils veulent 100 euros et le paiement des jours de grève.
Mardi, une nouvelle réunion s'est tenue avec cette fois-ci le nouveau PDG -un canadien, en poste en Pologne jusqu'à maintenant qui ne parle pas vraiment le français. Dans son speach -en anglais- il a lâché à un moment: «Si vous continuez le mouvement et que le client ne puisse plus être livré, on va être obligé de vous donner ce que vous voulez», bien entendu assorti d'une comparaison avec une usine GM aux États-unis qui avait fermé. Mais la première partie de la phrase a été largement reprise et transmise à l'AG, pour une partie de franche rigolade et un encouragement à continuer. Rien d'autre n'est sorti de la réunion et la grève continue jusqu'aux... 100 euros!