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- Lutte ouvrière n°2007
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Leur société
Canal Saint-Martin à Paris : Encore loin des paroles aux actes
Depuis le 12 janvier, sur les 280 sans-abri du campement installé depuis le 16 décembre le long du canal Saint-Martin à Paris, près de 160 ont été reçus par des travailleurs sociaux -environ 70- de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) qui gère 90% des centres d'hébergement du pays et de la DDASS (direction départementale à l'action sanitaire et sociale) de Paris. Des propositions d'hébergement ont été faites à la moitié d'entre eux. Neuf SDF auraient accepté le relogement en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), en HLM ou encore dans des appartements thérapeutiques pour ceux qui ont besoin de soins.
Mais comme l'explique la présidente de la FNARS, le relogement définitif va prendre du temps, «plusieurs semaines» en raison de situations «lourdes, très lourdes, anciennement lourdes, qui ne peuvent se régler du jour au lendemain». D'autant que, malgré les promesses du ministre, les moyens manquent. Ainsi la préfecture de Paris dit ne disposer que d'une quinzaine de logements sociaux dont elle a «gelé l'attribution», et le directeur de la DASS de Paris de 187 places sur Paris et l'Ile-de-France, dans des foyers de travailleurs migrants ou des résidences sociales. Quant aux places dans les CHRS, pour pouvoir en proposer aux SDF du canal Saint-Martin, il faut en libérer, c'est-à-dire faire partir d'autres SDF... Déshabiller Pierre pour habiller Paul, une vieille technique qui fait dire au directeur de la DASS que «des gens qui étaient déjà dans les tuyaux vont devoir attendre un petit peu» et que «ça ne fait pas pousser des logements instantanément».
On veut bien le croire et ce n'est pas la mise en place le 17 janvier d'un comité de suivi du «plan d'action renforcé» qui en fera pousser d'autres instantanément. Alors les SDF du canal Saint-Martin qui ont annoncé qu'ils ne se contenteront pas des promesses de Borloo, car on leur en a déjà trop fait, ont bien raison. Depuis cinq ans qu'il est au gouvernement, le nombre de sans-abri n'a cessé d'augmenter sans que cela ait troublé son... sommeil de ministre.