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Dans le monde
Belgique - Volkswagen Bruxelles : Retour à l’usine, mais rien n’est réglé
Sept semaines après l'annonce de la suppression de 4000 emplois dans l'usine de Bruxelles, les travailleurs sont revenus dans les ateliers, lundi 8 janvier.
Vendredi 5 janvier, les syndicats avaient organisé un référendum pour ou contre la «continuation du mouvement». 2000 des 4800 ouvriers de l'usine ont voté; les 1900 ouvriers qui ont signé pour un départ volontaire avec une prime étaient exclus du vote. 46% se sont malgré tout prononcés pour la poursuite du mouvement.
À l'assemblée générale le matin du référendum, les dirigeants des trois syndicats ont tous défendu ce qu'ils appellent l'accord avec la direction, déclarations accueillies froidement par les 2000 travailleurs assemblés et huées par la forte minorité qui avait participé, contre l'avis de ces mêmes dirigeants syndicaux, au maintien d'une présence devant l'entrée de l'usine depuis sept semaines.
À la fin de l'assemblée une déléguée FGTB, soutenue par les dirigeants de l'appareil bruxellois de la centrale des métallos FGTB (1) et aussi par de nombreux travailleurs, a pu prendre la parole pour dénoncer le flou et l'insuffisance de l'accord et appeler à voter contre la reprise. Son intervention, contre l'avis du responsable FGTB de l'entreprise, a été fortement applaudie. Malheureusement, seuls les travailleurs francophones avaient pu suivre le discours prononcé uniquement en français, et non traduit en néerlandais comme cela se pratique habituellement. Cela a été exploité immédiatement par un délégué du syndicat libéral: d'après lui, on avait encore une fois manqué de respect envers les Flamands (60% des effectifs)! Mais il s'est bien gardé d'y remédier en traduisant l'intervention, dont c'était moins la langue que les critiques qui l'importunaient.
À l'annonce des résultats du vote vers 18 heures, 150 ouvriers étaient encore présents devant l'usine, pratiquement tous FGTB et francophones. Beaucoup espèrent quand même repartir en grève à la première occasion.
En effet, rien n'est réglé. Ni pour les 2200 travailleurs restants, qui ne savent pas quelles seront leurs conditions de travail et de salaire dans les années à venir. Ni pour les 900 prépensionnables, qui pourraient perdre 20% de leur salaire et devraient se plier à tout travail «acceptable» qui leur serait proposé, sous peine de perdre leur prépension. Les travailleurs de VW seraient les premières victimes de cette mesure du «pacte des générations» imposé fin 2005 par le gouvernement.
Quant aux 1900 ouvriers ayant signé leur «départ volontaire» avec prime, près de 200 d'entre eux ont déjà demandé de revenir sur ce choix, pris dans la panique organisée par la direction. Beaucoup se sont présentés le lundi matin à l'entreprise, car ils n'ont aucun engagement de la direction concernant leur prime. Ils ne sont même pas certains que VW les laissera tous partir...
Enfin, il y a les travailleurs de la sous-traitance, qui n'ont eu ni prime ni rien et qui s'attendent à de nombreux licenciements. Certains, comme ceux de Faurecia, n'ont pas repris le travail lundi 8 janvier.
Ceux qui voudraient continuer le mouvement auraient toutes les raisons de le faire, en prenant soin de ne pas se laisser diviser entre travailleurs francophones et néerlandophones, pour ne pas prêter le flanc à la démagogie communautaire qui s'est déjà bien immiscée dans les appareils syndicaux.
Correspondant LO
Note (1): Début 2006, la centrale des métallos de la FGTB s'est divisée en trois «ailes», une wallonne, une flamande et une bruxelloise. L'initiative venait d'une clique de bureaucrates wallons opposée au président flamand de la centrale, accusé d'avoir fait partie, à l'âge de 16 ans, d'une organisation d'extrême droite flamande, ce qu'il n'avait jamais caché, et sous prétexte que la centrale serait «plus combative» sans les Flamands...