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- Lutte ouvrière n°2005
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Dans le monde
Hausses illicites de l'électricité en Europe : Les effets du marché.
La libéralisation du marché de l'électricité, c'est-à-dire l'introduction de la concurrence, ainsi que la privatisation, était censée, selon les autorités, entraîner la baisse des prix. C'est exactement l'inverse qui s'est produit, pour toute l'Union européenne.
En Allemagne, les gros industriels qui avaient appelé de leurs voeux l'ouverture du marché se plaignent aujourd'hui des conséquences de cette ouverture. Cimentiers, chimistes, sidérurgistes, etc, ceux qu'on appelle les "électro-intensifs" accusent les deux principaux fournisseurs allemands d'électricité d'avoir gonflé leurs prix de 25% en moyenne. L'une des astuces, c'est d'avoir intégré dans leurs tarifs le prix d'achat des permis d'émettre du CO2, coût variable selon le marché (de 17euros à 30euros la tonne de CO2 cette année). Or une grande partie des centrales allemandes fonctionnent au charbon, et rejettent donc beaucoup de CO2. Mais dans ce cas précis, la ficelle était un peu grosse puisque les quotas de CO2 sont attribués gratuitement par l'État !
Le conseil de la concurrence allemand, le Bundeskartelamt, a condamné l'entente entre les électriciens, ainsi que les hausses abusives des tarifs. Et les électro-intensifs sont donc en train de mener une campagne pour que le prix de l'électricité baisse pour eux.
En Grande-Bretagne c'est un peu la même chose puisque l'Institute for Policy Research a estimé que les profits "indus" des électriciens britanniques se chiffraient à 1milliard de livres, soit 1,5milliard d'euros. Et cela, en grande partie à cause de la répercussion exagérée du prix des permis d'émission de CO2.
En France, du fait du parc nucléaire qui produit avec l'hydraulique la quasi-totalité de l'électricité, EDF ne peut utiliser cet argument. Elle s'est simplement contentée d'aligner ses tarifs sur ceux de la concurrence.... ce qui revient au même.
On peut sourire des mésaventures des industriels dont certains l'ont bien cherché. Mais ce serait oublier que ceux-ci répercutent les prix de l'énergie dans leurs tarifs et qu'en définitive, le consommateur en bout de chaîne en paye la dépense. Et puis, le 1erjuillet 2007, ce sera au tour des clients "particuliers" , c'est-à-dire de tout le monde, de connaître les "joies" de l'ouverture du marché...