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Dans les entreprises
Renault – Douai (Nord) : Une flexibilité peut en cacher une autre
Dans le secteur montage de Renault-Douai, de nombreux travailleurs ont débrayé jeudi 14 décembre. Dans cette usine de 6000 travailleurs qui fabrique la Mégane et le Scénic, les jours non travaillés ont été nombreux en 2006 et devraient l'être encore en 2007. La direction prétexte les grèves des fournisseurs et la baisse des ventes pour les justifier.
Elle se garde bien de rappeler que le groupe Renault-Nissan réalise toujours des bénéfices records, afin de ne conserver parmi les informations que ce qui lui permet de tenter de nous inquiéter sur le devenir de l'usine et donc sur notre emploi.
Depuis des années, un accord de flexibilité signé par tous les syndicats de l'usine sauf la CGT évite le recours au chômage partiel. Mais en échange, la direction a instauré un système de travail supplémentaire soi-disant pour que «chacun se constitue une banque de journées d'avance ». Des pauses ont été supprimées, des samedis obligatoires instaurés, des horaires rallongés. Mais ce n'est pas encore assez. Nos journées d'avance ont été toutes utilisées, et certains plus jeunes embauchés sont même «redevables» de 60 jours de travail à la direction! Le directeur a d'abord supprimé l'équipe de nuit, composée en majorité d'intérimaires, qui ont été tous licenciés, puis il a écrit à chacun d'entre nous pour tenter de nous inquiéter un peu plus et pour réclamer «une amélioration de la flexibilité».
Le pire, c'est que les syndicats signataires lui emboîtent le pas: la CFDT prend à son compte son argument selon lequel on ne pourrait pas baisser les cadences car «il y aurait alors 900 travailleurs de trop dans l'usine ». Comme si le fait de travailler moins vite n'était pas possible! Comme s'il fallait absolument rester au rythme infernal de 1650 véhicules produits par jour! FO, pour sa part, se dit prêt «à ne pas tout accepter» mais fait des propositions qui vont toutes dans le sens de la direction: non-paiement de certaines primes pour les transformer en journées, récupération par la direction des journées de formation jusqu'en 2009, perte de jours de congés, etc., on en passe et des pires...
Quant à la CGT, non-signataire des accords, elle a eu bien raison de ne pas signer, mais ce n'est pas pour autant qu'elle organise la riposte. Son ton alarmiste pour dire «halte à la casse de nos industries» contribue aussi à sa façon à laisser croire au personnel que Renault est en crise, et qu'il faut faire le dos rond ou accepter des sacrifices.
Le débrayage du 14décembre, en tout cas, montre que de nombreux travailleurs ne sont pas prêts à les accepter.