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Leur société
Impôts à la source : Breton veut nous faire croire au Père Noël!
Thierry Breton, le ministre de l'Économie, a annoncé de façon tonitruante qu'en 2009 les impôts seraient retenus à la source, sur les salaires. Selon lui, ce sera beaucoup plus simple car chacun saura en temps réel ce qu'il gagne. Et d'ajouter, anticipant sur le passage du système actuel au nouveau mode de perception: «Je propose que 2008 soit une année de non-imposition»! Evidemment, personne n'a pu croire que les impôts seraient supprimés en 2008. Simplement, comme d'habitude, l'imposition en 2008 portera sur les revenus de 2007, et en 2009, si la réforme entre en vigueur, sur les salaires de 2009. Quelle que soit l'étiquette, on paiera! Seuls pourront peut-être y gagner les petits malins qui auront les moyens, par quelque combine, de reporter leurs meilleurs gains sur 2008, année «non-imposable», plutôt que sur 2007 ou 2009!
On voit bien ce que l'État essaie d'y gagner: une rentrée d'impôts plus rapide, même si de nombreux contribuables sont déjà mensualisés, et une économie de personnel à Bercy. En tout cas, c'est l'objectif avoué de Breton, qui veut «continuer à gagner en productivité».
On voit bien aussi pourquoi le Medef a plutôt bien accueilli la nouvelle. Ce sont en effet 3 à 3,5 millions d'entreprises qui collecteront les contributions de leurs salariés: autant de centaines de millions, voire de milliards d'euros qui transiteront par leurs caisses, avec tous les avantages que peut procurer une telle masse de liquidités pour spéculer, faire face à des paiements urgents... avant de transmettre les fonds à l'État. Quand on voit les retards et la fraude, estimée à plus de 13 milliards par le syndicat des impôts SNUI, dans le paiement d'un impôt indirect comme la TVA, on peut s'interroger sur ce qui arrivera dans les caisses publiques.
Les salariés, eux, paieront obligatoirement en avance. Ils ne seront pas pour autant débarrassés d'une déclaration aux services des Impôts pour régulariser, après coup, l'impôt payé, en fonction de leur situation familiale ou sociale ou de leurs frais réels. Ils resteront, comme d'habitude, les piliers de l'impôt sur le revenu, un impôt moins injuste que les taxes indirectes, mais très éloigné de la seule taxation qui serait juste et rentable: celle qui porterait sur les profits du capital.