Apprentissage à 14 ans : Moins de scolarité pour les jeunes, plus de main-d'oeuvre gratuite pour les patrons.22/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1999.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Apprentissage à 14 ans : Moins de scolarité pour les jeunes, plus de main-d'oeuvre gratuite pour les patrons.

Selon le ministère de l'Éducation nationale, les innovations entrant pour la première fois en pratique, comme l'abaissement de l'âge de l'apprentissage à 14 ans (au lieu de 16 ans), seraient un succès puisque 1600 apprentis juniors ont choisi cette voie depuis la rentrée scolaire.

La "formation d'apprenti junior" est inscrite dans la loi du 31 mars 2006, intitulée sans vergogne "pour l'égalité des chances". Avec beaucoup d'hypocrisie, et sous prétexte de permettre à des adolescents, non seulement d'acquérir le "socle commun de connaissances", mais également de réaliser "un parcours d'initiation aux métiers", le gouvernement organise la sortie des jeunes du système scolaire avant la fin de la scolarité en principe obligatoire, soit avant l'âge de 16 ans.

Dans les entreprises où ils seront censés apprendre un métier, ces jeunes ont toutes les chances de devoir travailler à des tâches ni qualifiées ni formatrices mais seulement utiles à l'entreprise, et cela à peu près gratuitement. Le décret d'application précise en effet que le jeune apprenti de 14 ans ne touchera pas un salaire pour son travail, mais une "gratification" s'élevant à 20 % du smic par "heure d'activité", et seulement "à l'issue de 20 jours de présence dans une même entreprise". Le remboursement des frais de nourriture et de transport est laissé à la discrétion du patron, sans aucune obligation légale, alors même que des crédits d'impôts sont prévus pour les entreprises qui auront recours à l'apprentissage junior. Cette gratification dérisoire n'est même pas à la hauteur de la rémunération du jeune de 16 ou 17 ans, qui signe un contrat d'apprentissage à la sortie de l'école et qui touche alors un maigre 25 % du smic la première année, puis 37 et 53 % , respectivement la deuxième et la troisième années.

En principe, le jeune peut interrompre son apprentissage et demander à reprendre sa scolarité, mais dans des conditions et des établissements jugés adéquats à l'issue d'un "bilan approfondi" de ses capacités, précise la loi. Comme s'il était facile à un jeune de reprendre des études après les avoir interrompues pour passer ses journées à faire des shampoings sous prétexte d'apprendre le métier de coiffeur ou à nettoyer l'atelier sous prétexte d'apprendre la mécanique !

Dans ces conditions, ce que le gouvernement appelle l'apprentissage junior a toutes les chances de se traduire par la mise à la disposition des entreprises d'une main-d'oeuvre bonne à tout faire, quasiment gratuite, malléable et corvéable à merci, sans aucune garantie que l'apprenti acquière une qualification professionnelle pouvant lui être utile à trouver ensuite un véritable emploi.

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