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- Lutte ouvrière n°1996
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Leur société
Un enseignement Bettencourt au Collège de France ? La publicité vaut bien une chaire.
On parle de la grande misère des universités. À l'instar de ce qui se passe par exemple aux États-Unis, certains prônent l'appel à la générosité et au mécénat des entreprises et des grandes fortunes du pays.
C'est dans ce cadre que l'on vient d'apprendre la prochaine inauguration au Collège de France d'un enseignement d'"innovation technologique" financé, on pourrait dire "sponsorisé" sur la "fortune personnelle" de Liliane Bettencourt, principale actionnaire du groupe de cosmétiques L'Oréal, et deuxième fortune du pays.
Au moment de la fondation du Collège de France, en 1530, c'était les rois de France qui jouaient le rôle de mécènes. Aujourd'hui, ce sont de gros actionnaires, et en l'occurrence la reine du cosmétique.
Pour une fortune qui se compte en dizaines de milliards d'euros comme la sienne, le coût de telles fondations représente une goutte d'eau. D'autant qu'elles permettent de bénéficier de réductions fiscales.
Au niveau du mécénat universitaire, la France serait en retard. Seulement 6,4% des fonds des Universités proviendraient des entreprises.
"L'université a besoin d'argent et il n'y a pas trente-six façons d'en trouver" se plaint un responsable de l'enseignement supérieur. Quel manque d'imagination de sa part! Comme si une imposition supérieure à la source sur la fortune de Liliane Bettencourt ou sur les profits de L'Oréal dont une part substantielle lui revient, et les mêmes mesures appliquées à ses semblables, accompagnées de la fin des subventions de l'État dont ils bénéficient, ne permettrait pas à cet État de disposer des fonds nécessaires pour financer les enseignements à tous les niveaux!