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- Lutte ouvrière n°1996
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Dans les entreprises
Renault - Flins (78) : Débrayage pour l'embauche.
Jeudi 25 octobre en équipe d'après-midi, sur la chaîne Ferrage de l'atelier de Tôlerie de l'usine Renault de Flins où sont assemblées les carrosseries de la Clio 3 et de la Twingo, le chef d'équipe a annoncé à trois jeunes travailleurs en contrat de qualification que celui-ci prenait fin. Pourtant, selon ses propres termes, ils donnaient toute satisfaction.
Ils avaient accepté de passer un CAP d'exploitant industriel. Dix mois durant, leur paye avait avoisiné 700 euros. Mais bien qu'ils aient réussi l'examen, la direction refuse de les embaucher, sous prétexte qu'ils auraient raté, paraît-il, le test "psychotechnique".
À la pause de 18 heures 15, les ouvriers de la chaîne ferrage ont donc décidé d'arrêter le travail. Vingt travailleurs se sont retrouvés à la machine à café, révoltés par ce mauvais coup, annoncé de plus juste avant la fermeture de l'usine pendant dix jours. Les trois jeunes travailleurs sont connus de tous, l'un d'entre eux travaille même comme intérimaire depuis six ans, toujours en Tôlerie. Les deux autres étaient aussi intérimaires à Flins avant d'accepter un contrat de qualification, cette formation en alternance que la direction de Renault présente comme le point de passage obligatoire avant une embauche.
La production de la Clio a totalement cessé pendant près de deux heures et l'atelier Peinture, faute de carrosseries, s'est assez rapidement arrêté. La direction de Tôlerie a essayé de nous convaincre de reprendre le travail, en promettant de redonner une chance aux trois... futurs chômeurs. Mais nous étions tous d'accord pour exiger que leur contrat continue jusqu'à la réussite des fameux tests "psychotechniques". Et le débrayage s'est poursuivi jusqu'à la fin de l'équipe.
Tout cela est à rapprocher de l'inquiétude ressentie dans les ateliers à la suite de l'annonce de jours non travaillés. Le même jour, en effet, la direction de l'usine, prétextant une baisse de commandes, en a annoncé une série. Après les six jours non travaillés d'octobre, il y en aura donc neuf en novembre, six en décembre et quatre en janvier 2007. Il y avait même de la colère pour certains, car pour les intérimaires, soit près de 50% des ouvriers de production, la paye se trouvera amputée de plusieurs centaines d'euros, la plupart d'entre eux n'ayant pas assez de journées d'avance dans les "compteurs" de temps, institués dans le cadre de la flexibilité, pour couvrir les jours de chômage. La direction, nullement gênée, les déclare en "absence autorisée non-payée", et donc sans possibilité ni de toucher le chômage ni de travailler ailleurs.
Cette réaction des travailleurs d'un secteur montre que tout cela commence à peser lourdement sur tous.