Du côté des intellectuels : Sartre et la Hongrie.01/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1996.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Du côté des intellectuels : Sartre et la Hongrie.

Les événements de Hongrie amenèrent nombre d'intellectuels à prendre des distances avec le Parti Communiste Français. Mais leur démarche n'était pas toujours exempte d'ambiguïté. C'est particulièrement vrai de celui que certains présentent volontiers comme la "conscience" de la gauche, Jean-Paul Sartre.

L'Express publia une interview de lui le 9 novembre 1956. Il condamnait certes l'intervention soviétique, mais en des termes où éclate son mépris pour la classe ouvrière:

"...L'angoisse ne m'a pas quitté quand on a vu sortir de prison et soudain surgir au premier plan le cardinal Mindszenty, j'ai pensé: l'URSS va être prise dans une tenaille: on leur a rendu leur cardinal; à quand Horthy (le dictateur des années 1919-1944 - NdlR) et l'intégration au bloc occidental? (...) Le retour aux anciens partis, la chasse aux membres de la police secrète et, sans doute aussi, aux fonctionnaires communistes (...) tout montrait que l'insurrection hongroise s'orientait vers la liquidation entière de ce qu'on appelle les bases socialistes du régime."

"À part une minorité consciente (les intellectuels, l'Union des écrivains) vite dépassée par la masse, les ouvriers et les paysans, après avoir répété les leçons apprises par coeur, se sont trouvés dans une complète confusion, sans aucune éducation politique et sociale. En général, les révolutions populaires se font à gauche. Pour la première fois (...) Nous avons assisté à une révolution politique qui évoluait à droite."

Et toujours dans la logique de justification du mensonge vis-à-vis des masses, Sartre, quand il revint sur la politique de l'URSS, déclara: "La faute la plus énorme a probablement été le rapport Khrouchtchev, car, à mon avis, la dénonciation publique et solennelle, l'exposition détaillée de tous les crimes d'un personnage sacré qui a représenté si longtemps le régime est une folie quand une telle franchise n'est pas rendue possible par une élévation préalable, et considérable, du niveau de vie de la population. (...) Le résultat a été de découvrir la vérité pour des masses qui n'étaient pas prêtes à la recevoir."

Finalement le célèbre "il ne faut pas désespérer Billancourt", prêté à Sartre pour exprimer l'idée qu'il ne fallait surtout pas dénoncer la politique du PCF devant la classe ouvrière, est peut-être un peu abusif, en ce sens qu'il s'agit d'un à peu près, à partir d'une réplique de pièce de théâtre. Mais il exprimait bien le fond de sa pensée politique.

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