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- Lutte ouvrière n°1993
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Leur société
Des patrons arrosés d'argent public.
Depuis des années, les mêmes patrons qui aujourd'hui suppriment des emplois ont bénéficié de subventions publiques. Le prétexte était de sauvegarder les emplois... avec le succès que l'on voit!
Domoform, par exemple, a reçu des aides publiques de la communauté d'agglomération de Montmorillon, auxquelles il faut ajouter celles de la région, votées à l'unanimité (comme la quasi-totalité des aides aux entreprises): 97000 euros, en 1999, au titre de la formation professionnelle des salariés - sans que ces derniers voient un quelconque plan de formation se mettre en place - et 358684 euros, en 2004, pour "permettre le maintien et la modernisation des outils de production". Cette dernière subvention, initiée par la "commission environnement" du conseil régional (décidément, tous les canaux sont bons pour remplir les poches des patrons), avait été décidée sous la présidence de Ségolène Royal. Le maire de droite de cette commune revendique d'ailleurs ces aides. Et les élus de la communauté de communes remettent ça, puisqu'ils se portent acquéreurs pour un prix de 900000 euros du site de l'usine qui ferme, dans la perspective d'une hypothétique embauche de 28 personnes dans un nouveau projet. Le conseil général a, quant à lui, décidé d'accorder 300000 euros d'aides aux entreprises qui créeraient des emplois dans le Montmorillonnais.
Ces entreprises qui suppriment des emplois ont tellement été arrosées d'argent public que des responsables politiques locaux se sentent tenus de s'exprimer à ce propos, à leur façon du moins. Ainsi, un conseiller général PC déclarait: "Nous ne sommes pas en droit de demander des comptes ni des remboursements mais il faut en tirer les leçons, en créant (...) un observatoire économique qui pourrait intervenir avant la catastrophe." Alain Claeys, député PS et responsable national de ce parti, parlait d'"anticiper les difficultés en mettant en place une structure de veille industrielle pilotée par le conseil général". La droite, quant à elle, ne se donne même pas la peine de jouer ce petit jeu hypocrite.
Quant à Ségolène Royal, lorsqu'elle avait été interpellée, en juin dernier, par les responsables syndicaux de Domoform qui lui reprochaient son silence face à leur situation, elle s'était fendue d'un courrier annonçant qu'elle proposerait un voeu au conseil régional. Celui-ci, voté à l'unanimité en juillet 2006, déplorait les conséquences économiques et sociales des licenciements, et annonçait l'intention des conseillers d'attribuer des aides publiques à tout nouveau projet créateur d'emploi. Aucune volonté de demander le remboursement des aides, tel que le formulaient les représentants du personnel, ne s'était manifestée chez les conseillers de gauche comme de droite, ni de la part de Ségolène Royal qui pourtant, devant les médias, n'hésite pas à dire qu'elle se réserve la possibilité de demander le remboursement des aides aux entreprises qui suppriment des emplois.
À propos d'Aubade, elle s'est contentée de faire la leçon aux dirigeants en déclarant à la presse régionale, la semaine dernière, qu'"il faut de la morale en économie", et en ajoutant: "Je leur ai demandé (aux patrons) d'attendre de voir ce que cette nouvelle politique commerciale (l'ouverture de nouveaux magasins) peut donner avant de délocaliser." Il n'y a là rien, même en paroles, pour contraindre un tant soit peu les patrons qui licencient. Au contraire, elle et les autres politiciens locaux se font les conseillers bienveillants des capitalistes et promettent d'ores et déjà de nouvelles subventions.