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- Lutte ouvrière n°1992
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Dans les entreprises
Leclerc – Montbéliard : La direction séquestre les employés.
Le vendredi 30 juin, des agents de l'inspection du travail et de l'Urssaf du Doubs ont contrôlé le Leclerc de Montbéliard suite à des plaintes d'employés pour de nombreuses irrégularités commises par la direction du magasin.
Il était 21h30, les travailleurs faisaient l'inventaire d'été. Une employée raconte dans l'Est Républicain: «Un cadre de la société est venu nous chercher dans les rayons. Il nous a demandé de le suivre immédiatement sans parler. On ne comprenait pas ce qui nous arrivait. Il nous a alors fait entrer dans les vestiaires de la réserve textile, puis a fermé la porte à double tour. On est resté là plus de 45minutes, sans savoir pourquoi». Mais les inspecteurs, une fois leur visite terminée sans voir personne, étaient restés aux abords du magasin et ont vu les salariés sortir par petits groupes. Les responsables du magasin leur avaient donné la consigne de ne pas avouer faire des heures supplémentaires impayées et de répondre que les horaires étaient respectés dans le magasin.
À cette occasion, on apprend que pendant l'été le gérant de ce magasin, qui se prend pour un petit monarque et qui est d'ailleurs une des plus grosses fortunes de Franche-Comté, avait supprimé les primes d'intéressement tant que «les mouchards qui sont allés avertir l'inspection ne se dénoncent pas». En début d'année, il avait supprimé la réduction de 3% sur les produits du magasin accordée aux salariés.
Les patrons de la grande distribution sont connus pour leurs méthodes. Il y a eu les caissières licenciées chez Auchan à Bordeaux et chez Leclerc à Tonnerre dans l'Yonne, pour avoir utilisé des bons d'achats laissés par des clients, d'une valeur de douze à quelques dizaines d'euros. Il y a eu les deux employés licenciés au Carrefour de Stains, accusés d'avoir mangé trois macarons et dérobé un portable, et à leur suite le licenciement d'un de leurs collègues qui avait dénoncé la manière dont le patron du Carrefour avait affiché les portraits des deux licenciés dans le magasin avec la mention «vol».
Le PDG du Leclerc de Montbéliard a manifestement été formé à la même école. Mais le patron du groupe, Michel Édouard Leclerc, qui vient d'ouvrir une enquête sur ce qui s'est passé à Montbéliard, ne pourra pas dire qu'il ignorait tout. Il y a quelques mois, une vingtaine de travailleurs du Leclerc de Montbéliard lui avaient écrit une lettre se terminant ainsi: «Nous espérons que vous saurez nous entendre.» Le silence de Michel Édouard Leclerc a été assourdissant.