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Dans le monde
Brésil : Deux candidats pour une même politique.
Le dimanche 1er octobre, le président sortant Lula n'a pas réussi à se faire réélire dès le premier tour, comme le lui prédisaient tous les sondages. Avec seulement 48,61% des votes valides, il devra le 29 octobre disputer le second tour contre Geraldo Alkmin, candidat de la droite, qui a obtenu 41,64% des voix. Les Brésiliens votaient en même temps pour le gouverneur de leur État, pour une partie des sénateurs, et élisaient leurs députés au Parlement fédéral de Brasilia et à l'Assemblée de chaque État.
Jusqu'à la mi-septembre, Lula avait dans les sondages 15 ou 20 points d'avance sur Alkmin et était certain de gagner dès le premier tour. À tel point qu'il a choisi de boycotter les débats télévisés avec les autres candidats. Toute une partie de la droite le soutenait, y compris des membres des deux partis qui soutiennent officiellement son rival.
Mauvais pronostic des instituts de sondage ou conséquence du dernier scandale politico-financier auquel était mêlé le PT (l'achat d'un dossier censé compromettre des adversaires politiques), peu importe: Lula s'est retrouvé en ballotage.
Ces élections ont aussi confirmé un changement dans la géographie électorale, déjà noté lors des élections municipales de 2004. Naguère, Lula et le PT obtenaient la majorité de leurs voix et de leurs élus dans le centre-est et le sud du pays, en particulier dans l'État de Sao Paulo qui concentre près de la moitié de l'industrie du pays. Ce n'est plus vrai aujourd'hui: Lula n'a eu que 36% des voix à Sao Paulo, alors qu'il en a eu 70% dans le Nordeste et le Nord. Le PT y a gagné le poste de gouverneur dans l'État de Bahia. Ces régions pauvres votent traditionnellement pour qui détient le pouvoir et peut distribuer des aides. Or le gouvernement Lula a généralisé des programmes d'assistance aux familles à très bas revenu («bourse famille») et aux familles d'enfants scolarisés («bourse école»). Les familles ne reçoivent que l'équivalent de quelques dizaines d'euros, mais cela les aide à survivre. Dans certains États du Nordeste, ces maigres allocations représentent plus de la moitié des revenus de la population.
Dans les régions plus industrielles, plus ouvrières et plus développées du pays en revanche, la politique de Lula a été incapable de combattre efficacement le chômage et d'enrayer la chute des salaires. Ses «réformes» des retraites, de la Sécurité sociale, des hôpitaux, de l'enseignement ont mécontenté une partie des travailleurs, en particulier les enseignants et les fonctionnaires fédéraux. Et bien que ses partisans promettent un second mandat «social», il est difficile de les croire quand on voit qu'il se prépare à «réformer» le droit du travail et qu'il a récemment fait adopter le «super-simple»: une loi qui exempte les petites entreprises (plus de la moitié des salariés) des congés payés et du treizième mois et les dispense de payer leurs salariés avec régularité.
Lula et le PT au pouvoir ne sont plus, pour beaucoup de travailleurs, l'espoir de vie meilleure qu'ils ont longtemps représenté. Avec eux, les profits des banques et des entreprises ont battu tous les records. Alkmin, s'il est élu, aura bien du mal à faire mieux pour la bourgeoisie brésilienne.